Richard Millet, La Forteresse. Autobiographie 1953–1973

Les confes­sions de Richard Millet

Richard Millet pousse l’expérience lit­té­raire à l’extrême et dans un para­doxe : “Ce que j’ai écrit ne vaut rien, du moins ne m’intéresse pas ; c’est conti­nuer à écrire qui importe, jusque dans l’illusion ou dans l’échec.“
Il s’agit donc pour lui de ten­ter de se taire ou, comme il l’écrit, de “ten­ter de me taire et retrou­ver le silence ini­tial de la for­te­resse” dans une “voix” de plus en plus basse mais non atone, dans un mur­mure fleuve où jus­te­ment le silence prend une tour­nure particulière.

Aussi laco­nique qu’interminable, cette voix ori­gi­nale lâchée par les pen­seurs en cours a su rebon­dir en com­pre­nant la vanité de toutes choses. Ce qui le pousse à une indif­fé­rence ori­gi­nale, une façon d’exister sans vrai­ment être en com­mu­nion  avec mou­ve­ment com­mun.
Il conti­nue à vivre en écri­vant même si, d’une cer­taine manière, ses livres sont tus donc tués dès leur parution.

Reprise plu­sieurs fois, cette confes­sion reste l’ample récit des plus cré­pus­cu­laires et pro­fon­dé­ment sin­cères par les accents de prose qui s’élève contre l’accablement selon une force qui sou­lève les mots. Ils font tenir encore le temps chez ce Pas­ca­lien qui trouve dans ses Pen­sées et autres opus­cules de quoi lut­ter contre les néga­tions et la chaos.

jean-paul gavard-perret

Richard Millet, La For­te­resse. Auto­bio­gra­phie 1953–1973, Les Pro­vin­ciales, 2022, 304 p. — 24,00 €.

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