L’adage populaire selon lequel on ne prête qu’aux riches trouve toute sa signification avec l’aura de flou, de mystère, de dissimulation, entretenue par le Vatican, une structure maîtresse en la matière depuis presque deux millénaires.
Steve Berry “oublie”, le temps d’un livre, Cotton Malone son héros préféré pour donner vie à un autre personnage qui œuvre au plus près de la culture et des arts.
Dans les Pyrénées, au printemps 1428, Jan Van Eyck cherche à échapper aux Maures qui le poursuivent. Il est sauvé par une nonne dont la présence arrête ses poursuivants.
De nos jours, Nicolas Lee — Nick -, très inquiet, court vers des flammes. Il est venu à la demande de Kelsey, son ancienne fiancée devenue religieuse et restauratrice d’art. Lorsqu’il arrive des flammes et une épaisse fumée s’échappent du lieu du rendez-vous. Il voit Kelsey aux prises avec une autre personne qui lui donne un coup violent avant de s’emparer d’un objet et de fuir. Nick veut lui porter secours mais elle le presse de la poursuivre pour récupérer son ordinateur. Il se lance sur les pas de la fugitive. Celle-ci, vite traquée, se réfugie sur les quais de la Lys et cernée par la police, jette l’ordinateur à quelqu’un dans une barque. Elle semble alors faire un geste menaçant et la police l’abat.
Nick suit la barque et arrive au couvent des Sœurs-Servantes de Saint-Michel. Après bien des péripéties, il revient victorieux et apprend que la copie d’une œuvre d’art inestimable a été la proie des flammes.
Cependant, des photos ont été stockées sur l’ordinateur. Qu’est-ce qui motive cet acte de destruction et pourquoi maintenant ?
L’intrigue principale s’articule autour de deux thèmes principaux, à savoir, le secret que recèle une partie du polyptique L’Adoration de l’Agneau mystique, appelé aussi L’Autel de Gand exposé dans la cathédrale Saint-Bavon à Gand et des dogmes relatifs à la Vierge Marie.
Parallèlement, il raconte la religion cathare, la croisade des Albigeois, les nombreuses péripéties vécues par le polyptique. Il donne à Jeanne d’Arc et au peintre Jan Van Eyck des places importantes tout en mettant en scène des congrégations religieuses énergiques.
Nicolas Lee, après une carrière militaire, travaille depuis cinq ans pour le CLIO (Cultural Liaison and Investigative Office), une cellule de l’Unesco spécialement chargée de la gestion de problèmes culturels ne pouvant être résolus par la diplomatie. Si le Clio, un joli clin d’œil à la déesse grecque muse de l’histoire, pourrait exister, l’auteur avoue que ce service est le fruit de son imagination, mais que des unités spécialisées du FBI servent bien à retrouver les œuvres d’art volées.
Avec Nick, que l’on aimerait retrouver tant le milieu où il évolue est riche de culture, le romancier propose un héros attachant qui, sous l’allure d’un homme ordinaire, possède les ressources attendues d’un tel personnage.
Jan Van Eyck est un personnage authentique qui fut le peintre de cour de Philippe Le Bon, un duc qui a régné pendant quarante-huit ans sur la Bourgogne. C’est ce dernier qui a livré Jeanne d’Arc aux Anglais. Par contre, il est tout à fait vrai que Van Eick mena des missions d’espionnage sous couvert de son art.
Mais Le Complot Vatican reste d’abord un thriller avec son lot de tensions, de mise en danger, de sentiments exacerbés comme l’ambition, la vengeance…
Steve Berry, comme à son habitude, fait état de faits, d’actions, dument véridiques, de textes apocryphes, de personnages authentiques, qu’il intègre dans les combats, les épreuves qu’il impose à ses acteurs de fiction pour proposer une intrigue que l’on suit avec délectation car, en la matière, il excelle.
serge perraud
Steve Berry, Le Complot Vatican (The Omega Factor), traduit de l’anglais (États-Unis) par Éléonore Duperray, Le cherche midi, coll. “Thrillers”, juin 2022, 560 p. – 23,00 €.