P.W. Singer & August Cole, La Flotte Fantôme

Et la Chine entre en guerre…

C’est parce qu’il y a eu un chan­ge­ment en pro­fon­deur dans la direc­tion de la Chine que cette situa­tion a pu se développer.

À 365 kilo­mètres, au-dessus de la Terre, Far­mer est sorti dans l’espace pour répa­rer un pan­neau solaire. La mis­sion accom­plie, on lui refuse de ren­trer, ses col­lègues russes ont reçu des ordres.
Dans la fosse des Mariannes, à plus de dix mille mètres, Zhu Jin le géo­logue trouve enfin un gigan­tesque gise­ment de gaz. Pour exploi­ter leur décou­verte, les diri­geants du Pré­si­dium pensent ne pas avoir d’autre choix que d’attaquer les États-Unis. Aidée par la Rus­sie, ils engagent la guerre.
C’est depuis leur sta­tion spa­tiale Tiangong-3 que les Chi­nois détruisent quarante-sept satel­lites et désor­ga­nisent tota­le­ment les défenses des États-Unis.

Sur le port d’Honolulu, à Hawaï, un gar­dien épous­tou­flé voit un navire chi­nois, en prin­cipe chargé de voi­tures, débar­quer des chars d’assaut.
Le USS Coro­nado va se retrou­ver, avec son capi­taine Tom Riley et son second, James Sim­mons, au pre­mier plan en reve­nant à Hawaï. Ils empêchent un plon­geur de plas­ti­quer leur bateau et ils vont par­ti­ci­per avec une mul­ti­tude de per­son­nages à cette guerre, une guerre où les moyens modernes les plus sophis­ti­qués manquent à l’armée agres­sée.
Il faut alors faire place à l’homme et à sa capa­cité de réflexion, sa réac­ti­vité, son inventivité…

Les auteurs livrent une suite d’actions, chan­geant de lieux et de pro­ta­go­nistes, pas­sant de sta­tions spa­tiales à Pékin, d’Hawaï à San Fran­cisco, du détroit de Malacca à la Caro­line du Nord… Ils donnent une des­crip­tion pré­cise des tech­niques, des moyens uti­li­sés que ce soit pour les armes, les vais­seaux, la struc­ture des pou­voirs poli­tiques. Tout est décrit avec minu­tie et ils pré­cisent, en fin de volume, sur quelques trente pages de notes, les sources essen­tielles sur les­quelles ils appuient leur récit.
Certes, les auteurs de natio­na­lité amé­ri­caine ne vont pas pré­sen­ter leur pays de façon infâ­mante. Mais, en toile de fond, ils se livrent à une belle cri­tique sur le tout numé­rique, sur ce qui amène la perte des bases fon­da­men­tales comme savoir lire une carte et non plus avoir les yeux scot­chés sur le GPS, être libéré des réseaux pour que l’Homme retrouve sa vraie nature, sa capa­cité de déci­sion, de responsabilisation.

Ils vont plus loin et pro­posent quelques réflexions sur les enjeux guer­riers de la conquête spa­tiale. Ils pointent l’absurdité des choix économico-industriels de nations qui sous-traitent la fabri­ca­tion de com­po­sants essen­tiels d’avions, satel­lites, appa­reils de com­mu­ni­ca­tion à un pays dont les diri­geants ne cachent pas leur volonté de régner sur la Terre, d’imposer une hégé­mo­nie d’une façon ou d’une autre, de poten­tiels enne­mis.
En épi­graphes, on retrouve nombre de cita­tions de Sun Tzu, le célèbre auteur de L’Art de la guerre.

Ce roman est paru en 2015 aux USA. Les auteurs ima­ginent cepen­dant, qu’un coup d’État avait ren­versé l’ancien espion du KGB. Avec des pro­jec­tions qui trouvent un éclai­rage bien pré­sent actuel­le­ment, bien qu’ils se défendent de faire de l’anticipation, ils conçoivent une intrigue qui se lit avec inté­rêt pour la richesse du pro­pos et de ses développements.

serge per­raud

P.W. Sin­ger & August Cole, La Flotte Fan­tôme (Ghost Fleet), tra­duit de l’anglais (États-Unis) par David Fau­quem­berg, Folio, coll. “Poli­cier” n° 963, juin 2022, 672 p.

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