Ce petit mais précieux livre rassemble le poème documentaire A petit pas autour de Paul Nougé et par fragments de Constance Chlore et La Messagère & les objets bouleversants de Paul Nougé.
Entre le poète surréaliste belge qui pratiqua le détournement, le pastiche, le remodelage, etc. et sa jeune consœur aux “cheveux rebelles de corbeau” et dont le métier de biochimiste a déteint sur son travail littéraire, l’osmose est totale.
Les deux développent la vertu subversive qui oblige à passer outre les idées reçues.
Force est de suivre une écriture et la pensée qu’elle émet, les deux (là où la part la plus belle est laissée à l’aîné) poussent le langage dans ses retranchements pour réduire l’écart (grand) entre ce qui se dit et se pense.
Constance Chlore est toujours à la hauteur d’un tel “père” dont elle épouse (jamais incestueusement) la volonté de palper l’invisible et de troubler tout ce que nous croyons affirmer haut et fort en ce qui concerne l’amour, l’action — mais pas seulement.
Les deux ont prouvé ou prouvent une obstination à ne parler que dans la solitude.
En un double isolement, deux révoltes se répondent en marges et fragments où Nougé se redécouvre au sommet de sa pensée concrète que ses écrits cristallisent.
jean-paul gavard-perret
Constance Chlore avec Paul Nougé, Il faut penser à travers tout, Bookleg, Etterbeek (Belgique), 2022, 52 p. — 3,00 €.