« En ai-je fini nom de dieu avec ces jolies pensées de fleuriste ? », demande celui qui se veut en quelque sorte héritier d’Aragon. La réponse est non.
Et Jean-Claude Para et sa revue Europe ont beau défendre le poète, il demeure d’envergue moyenne. Ses ailes ne l’empêchent pas de marcher, mais elles ne lui permettent guère de s’envoler bien haut.
Certes, un mouvement s’espère mais il ne s’atteint jamais vraiment. Pourtant, l’auteur fait le travail dans ce qui tient d’une autobiographie poétique.
Il y à là des sursauts d’odeurs de cuirs et de lessives, de pièces longtemps fermées puis ouvertes sur la poussière de ce qui est passé répandue sur les choses.
Chaque poème découpe un morceau d’espace et de temps. Parfois le soleil se faufile à la surface du premier café lorsque les nuages sont des débris d’agglomérés que le passage des trains agite. Non sans lucidité surgissent des comptes à rebours des réveils et, de fil en aiguille, le tissu ça-et-là s’en désagrège.
Tout cela veut créer une soie retirée pour le plus délicat d’un tulle-illusion même si ne vont pas toujours ensemble les dinosaures intellectuels et les dessous chics.
Tout cela reste d’une nostalgie qui manque de folie et de mystère. Certes, l’ensemble est parfaitement écrit mais laisse finalement distant comme ce temps plus ou moins passé et qui n’est donc plus.
Dans le squelette mordoré de la lyre du poète, tout demeure à hauteur d’aquarelle. Pas plus. Mais ce n’est déjà pas si mal.
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jean-paul gavard-perret
Olivier Barabarant, Séculaires, Gallimard, Paris, avril 2022, 136 p. — 14,00 €.