Le misanthrope (Molière / Clément Hervieu-Léger)

De l’indulgence à l’exigence

Un homme en habits un peu trop grands attend, les jambes croi­sées, dans un lieu qui res­semble à un gre­nier : les meubles y sont ceints de draps. Il tré­pigne, égrène quelques notes sur le piano. Pour les deux der­niers actes, le décor est quelque peu épuré, comme si l’on avait fait le ménage : c’est le moment où les menaces s’accumulent sur Alceste, dont le pro­cès fait craindre quelque condam­na­tion pour outrage.
Le cin­quième acte tourne à la com­pa­ru­tion de Céli­mène, accu­sée d’être volage parce qu’elle n’entend pas fixer son cœur. Le ton est tan­tôt celui d’un polar des années cin­quante, tan­tôt celui d’une comé­die ; il prend par­fois des accents de drame per­son­nel pour un homme déchiré par ses aspi­ra­tions antinomiques.

La mise en scène, sobre, rend un bel hom­mage au texte qui exprime la dif­fi­culté de notre arbi­trage entre l’intime aspi­ra­tion à l’indulgence et la puis­sante injonc­tion à l’exigence qui nous habitent. La troupe pré­sente avec aisance une inter­pré­ta­tion fluide, tout en concen­trant l’attention sur les dilemmes inté­rieurs des deux per­son­nages prin­ci­paux.
Loïc Cor­bery incarne un Alceste péné­tré, volon­tiers impé­tueux, déve­lop­pant un pathé­tique aux accents de Ter­zieff, au bord de la rup­ture. Ade­line d’Herny com­pose une belle Céli­mène toute de rete­nue, mali­cieuse et affirmée.

La repré­sen­ta­tion nous raille tous, nous qui jugeons les autres à notre propre aune. Elle pré­sente des accents diver­si­fiés, reste assez atten­due mais met bien en valeur le couple impossible.

chris­tophe giolito

Le misan­thrope

de Molière

Mise en scène Clé­ment Hervieu-Léger

© Bri­gitte Enguérand

Avec Éric Géno­vèse, Alain Len­glet, Flo­rence Viala, Loïc Cor­bery, Serge Bag­das­sa­rian, Nico­las Lor­meau*, Gilles David*, Ade­line d’Hermy, Clé­ment Hervieu-Léger, Jen­ni­fer Decker*, Claire de La Rüe du Can*, Yoann Gasio­rowski, et les comé­diennes et comé­diens de l’académie de la Comédie-Française Jérémy Ber­thoud, Héloïse Chol­ley, Fanny Jouf­froy, Emma Laris­tan, Vian­ney Arcel, Robin Azéma.

Scé­no­gra­phie Éric Ruf, cos­tumes Caro­line de Vivaise ; lumières Ber­trand Cou­derc ; musique ori­gi­nale Pas­cal San­gla ; son Jean-Luc Ris­tord ; coif­fures Fabrice Eli­neau ; assis­ta­nat à la mise en scène Juliette Léger ; assis­ta­nat à la scé­no­gra­phie Domi­nique Schmitt.

A la comé­die fran­çaise, 1, place Colette, 75001 Paris, du 2 février au 22 mai 2022,

selon le calen­drier de l’alternance :
https://www.comedie-francaise.fr/fr/calendrier

Comé­die en 5 actes et en vers

Spec­tacle créé le 12 avril 2014 Salle Riche­lieu
Date de créa­tion de l’œuvre : 4 juin 1666 au Théâtre du Palais-Royal
Date de créa­tion à la Comédie-Française : 27 août 1680 au Théâtre de l’Hôtel Gué­né­gaud
2734 repré­sen­ta­tions de l’œuvre par la Comédie-Française depuis la créa­tion dont 140 dans cette mise en scène

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