Que l’hêtre du corps soit sexué semble secondaire. Même si toute expérience prouve le contraire. Il est vrai que refaire l’un à deux dans la fusion originelle conduit moins à la visée de la faille — par où tout passe et chaque accord se fait dans la béance — qu’à une vue de l’esprit. Il faut dire que jouir d’un corps quand il n’y a plus d’habits c’est quelque chose.
Néanmoins la question de l’autre y reste parfois pendante même lorsque se poussent des hurlements. Ne soyons pas prudes de qui nous sommes : l’amour dans son essence est narcissique. Etablir la relation à deux n’est pas une ciné-cure. Il y faut de l’attention tant chacun est énigmatique.
Je vais un peu plus loin : la jouissance est l’obstacle par quoi l’être n’arrive pas à être un. Comment répondre à l’injonction “sois à l’heure et jouis !” ? Une castration y plane. Pour le mâle mais aussi pour la femme. A l’un ou l’autre d’éviter le pas du pas à défaut de se rejoindre dans le même temps “more”. Et qu’importe si le lieu peut être impasse.
Sa topologie pointe mieux qu’un simple discours. Une compacité lui répond dans l” ‘intersexion” capitale. En cette histoire passant du fini à l’infini personne n’est de bois mais chacun dans de beaux draps en dépit d’une mâle assurance et d’un féminin accomplissement.
Tout accord implique une discordance par un effet d’écrasement. Cela n’empêchera d’aller plus loin et à tire-larigot. Vous m’en direz des nouvelles : le réel est sérieux lorsqu’il est sériel et ne s’épuise pas d’un “coup” même si ce dernier stimule néanmoins, et entre autres le bulbe rachidien. Ajoutons : tout accord reste approximatif. Mais ça n’est pas important.
Le comble du comble, c’est qu’on arrive quand même à s’en servir — à savoir en faire bon usage. La rondeur s’extrait du rond. Et ce, dans un sourire d’ange. C’est même là la seule justification. Qu’importe de savoir où tout ça nous mène. Je ne voudrais pas toucher à cette fraîcheur.
jean-paul gavard-perret
Photo d’Elizabeth Prouvost