Elizabeth Holleville, Immonde !

Mystères, accu­sa­tions et périls

À l’heure de grands débats por­tés par la jeu­nesse sur le nucléaire, sur la pol­lu­tion, Eli­za­beth Hol­le­ville vou­lait appor­ter son point de vue en images.

L’Agemma est une entre­prise extra­yant des mine­rais radio­ac­tifs et assu­rant les trans­for­ma­tions néces­saires pour rendre le mine­rai exploi­table. Cette entre­prise fait vivre la petite ville de Mor­terre, étant le prin­ci­pal employeur. Ceux qui sont nés dans ces lieux ne connaissent rien d’autre et trouvent natu­relles cer­taines situa­tions. C’est le cas de Jonas et Camille, deux ado­les­cents qui sont amis depuis tou­jours.
Nour et sa famille arrivent de Paris car son père a trouvé un emploi à l’Agemma. Cette ado­les­cente découvre un uni­vers avec des yeux neufs. Elle va s’interroger sur cer­tains faits, comme la dis­pa­ri­tion étrange d’un ouvrier sans que per­sonne ne s’émeuve, et va entraî­ner Jonas et Camille dans une quête pleine de périls…

Avec son trio de héros, l’auteure aborde de front les sen­ti­ments que l’on peut res­sen­tir dans un envi­ron­ne­ment mena­çant, l’anxiété que génère la prise de conscience du dan­ger et des moyens bien déri­soires que l’on pos­sède pour lut­ter. Cepen­dant, il faut faire face et le fait de se réunir per­met d’envisager un monde meilleur.
Paral­lè­le­ment, elle aborde l’adolescence et ses inter­ro­ga­tions, la décou­verte de la sexua­lité, le poids du deuil… Sous l’impulsion de Nour, Jonas et Camille vont ouvrir les yeux et prendre conscience du cadre où ils évo­luent. Parce qu’elle trop vu dans son enfance et son ado­les­cence la place res­treinte lais­sée aux filles, aux femmes dans les livres ou les films, l’auteure veut mettre en avant des héroïnes. Avec Nour, elle veut faire oublier les per­son­nages fémi­nins insi­pides ou pré­sen­tés de façon misogyne.

Elle retient, pour ani­mer ses planches, un des­sin semi-réaliste effi­cace. Si elle plante à grands traits ses décors, elle donne une belle expres­si­vité à ses per­son­nages. Pour la colo­ri­sa­tion, elle pri­vi­lé­gie des teintes vives, fortes, acides comme le vert et le vio­let pour ren­for­cer l’impression de pol­lu­tion où baigne son intrigue.
Avec ce roman gra­phique, Eli­za­beth Hol­le­ville signe un bel ouvrage et, après L’Été fan­tôme (Glé­nat – 2018), confirme un talent prometteur.

serge per­raud

Eli­za­beth Hol­le­ville (scé­na­rio, des­sin et cou­leurs), Immonde !, Glé­nat, coll. “1000Feuilles”, jan­vier 2022, 240 p. – 22,50 €.

Leave a Comment

Filed under Bande dessinée

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>