Marcela Iacub, Belle et bête

Le plus étrange est que l’éditeur, qu’on a connu plus ins­piré, ait publié cette daube

Le voilà donc le livre dont tout le monde parle sans l’avoir lu. Mme Iacub, pour payer ses impôts, a décidé de racon­ter son amou­rette avec un porc. Un porc qu’elle ne nomme jamais mais qu’on recon­naît sans peine : un homme riche puis­sant, inculte, gros et laid et qui ne jouit que quand il met sa langue tout au fond de l’oreille de Mme Iacub : il a une langue à la Rocco Sif­fredi. Ou quand il la déma­quille en gobant son mas­cara. La gas­tro­no­mie à la por­tée des caniches. Un cochon qu’elle dis­tingue de l’homme qu’il y a en lui, à moins que ce ne soit le contraire : l’homme est nul mais le cochon est sublime. Elle méprise l’homme mais aime le cochon.
Le but, aujourd’hui, n’est plus d’enrichir la lit­té­ra­ture mais de faire ce qu’on qua­li­fie de ce mot ridi­cule de « buzz ». Dès lors que l’écriture n’a plus pour objec­tif la recherche du beau mais la recherche du bruit, qu’elle n’a plus pour but la quête du Graal mais la quête du gras, on peut craindre le pire dans ce qui n’est plus qu’une course au pognon. Le livre de Mme Iacub n’a aucun inté­rêt en soi et si le per­son­nage prin­ci­pal mâle n’était pas ce pro­ta­go­niste adi­peux qu’elle décrit et qu’elle ne nomme jamais, per­sonne ne l’aurait acheté. Elle a d’ailleurs si peu confiance en son talent des­crip­tif qu’elle a dû craindre qu’on ne le recon­naisse pas et qu’elle a laissé un heb­do­ma­daire révé­ler son nom.

Pour séduire Mme Iacub, le roi des porcs lui a lâché cette phrase : « J’aimerais vous lécher les pau­pières, vous enle­ver votre mas­cara et l’avaler d’un coup ». Étrange d’avoir envie d’une aven­ture avec un homme qui se rêve coton à déma­quiller. Le pire est qu’il se jette sur elle à la pre­mière occa­sion et passe à l’acte. Quel manque de goût ! Il y a tant de choses mer­veilleuses chez une femme à pré­fé­rer à son mas­cara. Et on ima­gi­nait le cochon ama­teur de putes ; non, il baise à l’œil. « Tu t’es jeté sur moi sans dire un mot. (…) Tu as sorti ta langue dont la lon­gueur m’a effa­rée et tu t’es mis à me lécher les pau­pières. Tu ne t’arrêtais pas, tu m’enlevais le mas­cara, le fard à pau­pières, le khôl, et tu l’avalais ». Quand on pense que Mit­ter­rand n’a jamais su qu’on pou­vait ava­ler le Kohl pour faire le rot, c’est rageant.
Leur pre­mier contact est d’ailleurs fruc­tueux ; elle le résume bien (p.33) « J’étais dégoû­tée de cette ren­contre ». Mais elle aime le cochon et elle a un livre à écrire, alors elle remet le cou­vert mais le cochon manque d’imagination et il s’aventure plus loin avec sa juriste-essayiste : après l’œil, il la baise à l’oreille et devient coton-tige. « Tu as mis ta langue à l’intérieur et tu as com­mencé à avan­cer. J’ignorais que l’on pou­vait aller si loin à l’intérieur d’une oreille, que les oreilles n’avaient pas de fond (…). Puis tu as enlevé ta langue et tu as mis ton énorme doigt dans le trou de mon oreille, tu l’as enfoncé de plus en plus loin. Je sen­tais que tu avais tou­ché mon cer­veau ». Tout s’explique !

La fin du tor­chon part en jus de bou­din : ce doit être le lot du cochon. D’ennuyeux, le livre devient gro­tesque : le cochon se mue en japo­nais can­ni­bale. Et tout est si mal écrit… Mme Iacub est capable de livrer des chro­niques à Libé­ra­tion fort bien trous­sées, pour­quoi donc a-t-elle bâclé son der­nier opus ?
« C’était eux que tu abu­sais que tu humi­liais, et non pas les putes pour qui bai­ser contre de l’argent consti­tue le métier ».
« Mais toi, toi aussi tu as eu tort et cela je le savais aussi. Non pas pour les mêmes rai­sons, certes ». Est-ce par mimé­tisme qu’elle écrit comme un cochon ? A moins que les édi­tions Stock n’aient licen­cié leur cor­rec­trice, ou qu’il n’y ait du coke en Stock.

Le plus étrange est que l’éditeur, qu’on a connu plus ins­piré, ait publié cette daube. S’il l’a lu il a dû être consterné. Selon des fuites savam­ment orga­ni­sées dans la presse, il aurait trouvé le livre nul et conseillé à son auteur : – Tu n’as qu’à dire qu’il s’agit de DSK ! Ce qui fut aus­si­tôt fait et on s’arrache cet opus-cul. Cul … et encore : « (ta femme) aurait trouvé ta liai­son avec moi bien plus grave que les par­touzes avec des putes même si nous ne cou­chions pas ». Tout ça pour ça.
Quant aux pseudo-intellectuels qui ont encensé le livre de Mme Iacub, elle les remer­cie par avance (p.21) : « L’intellectuel est un malade, un être méchant. S’il a un désir, il pré­fé­rera le retar­der pour être sûr qu’il ne res­sen­tira plus rien lorsqu’il s’autorisera à l’assouvir. (…) Parce qu’il aime se faire du mal. Parce qu’il aime détruire tout ce qui le sort de la nuit inter­mi­nable dans laquelle il vit ». Voilà donc com­ment elle voit ses zéla­teurs. Cochon qui s’ébaudit ! Son pro­chain livre, elle devrait le publier aux édi­tions Jus­tin Bridou.

fabrice del dingo

Mar­cela Iacub, Belle et bête, Stock, 203, 128 p. — 13,50 €;

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