Les dix actrices retenues par Stélandre se sont débattues ou se débattent encore non sans ambiguïté en préférant le réduit de leur cage à la coquille de la prétendue pureté. Elles incarnent une élémentaire absence de vertu. De telles Mélusines représentent des sortes d’histoires d’amour dégagées (plus ou moins) de toute terreur mystique.
Car ce qui les habite n’a rien à voir avec un dieu sauf à penser qu’en volatile nous possédons comme elles une spiritualité.
Le livre est donc le réceptacle des “sorcières”, des bizarres, des méchantes trash, marginales. Elles se caractérisent par leur puissance de feu pas forcément sacré. Elle existe pour nous brûler.
Toutes incarnent des visions et chemins underground.
Asia Argento, Béatrice Dalle, Margaret Hamilton (du Magicien d’Oz), Eartha Kitt, Sheryl Lee la sacrifiée de Twin Peaks, Jennifer Jason Leigh, Jeanne Moreau, Rose McGowan, Tilda Swinton, Sean Young “l’androïde grillé de Blade Runner” sont évoquées selon leurs histoires intimes et collectives nourries de cinéma indépendant, de littérature et des études féministes, des mythes et de la culture pop.
Ces trajectoires de femmes très différentes éloignent du mythe classique de la star. Elles renvoient parfois à bien des raies alitées qui font des succès damnés.
Elles nous plongent ainsi en deux chaos : celui de nos marais, celui des nos étendues continentales
jean-paul gavard-perret
Thomas Stélandre, Actrices-Sorcières, Capricci, Paris, parution le 20 janvier 2022, 170 p. — 17,00 €.