Jean Dufaux & Paul Teng, Complainte des Landes perdues — Cycle 4 – t.01 : “Lord Heron”

Un uni­vers sin­gu­lier et marquant 

Une île sau­vage où le Mal domine en maître. Une famille qui s’empare de ces terres pour y régner et implan­ter une dynas­tie. Pour cela, il faut éra­di­quer ce Mal qui pro­li­fère depuis la nuit des temps. Cette épo­pée médié­vale où se mêle sor­cel­le­rie, magie, monstres et ani­maux fabu­leux, légendes, croyances et ambi­tions déme­su­rées, offre une lec­ture cap­ti­vante.
Riche en rebon­dis­se­ments, le récit ouvre sur des pers­pec­tives de déve­lop­pe­ment singulières.

Sioban est une Sudenne, dont le père a conquis le pays. Cette jeune femme a été l’héroïne de quatre albums du pre­mier cycle, quand Jean Dufaux fai­sait décou­vrir un pays, une lande, ses écrits anciens et ses légendes (Dar­gaud, 1993 à 1998). Puis le scé­na­riste s’est inté­ressé, et de très nom­breux lec­teurs avec lui, aux Mori­ganes, des sor­cières qui avaient infesté les landes avant l’arrivée des Sudenne. En remon­tant plus loin, Jean Dufaux a trouvé traces de sor­cières. Celles-ci ont sévi encore plus avant dans la passé, ins­tal­lant le Mal qui s’est emparé de toute l’île d’Eruin Dulea, l’île des Landes per­dues.
Sio­ban reve­nait sans cesse, sous une forme ou sous une autre, et elle a fini par s’imposer au scé­na­riste pour un qua­trième cycle.

Deve­nue reine des Sudenne, Sio­ban accom­pa­gnée par Sea­mus, un Guerrier-du-Pardon, rend visite à son oncle, Lord Heron. Avant d’arriver, elle veut contem­pler la Porte des gar­diens, cette porte que per­sonne ne peut ouvrir et qui pro­tège le royaume d’une ter­rible menace. Lorsqu’ils arrivent, un guer­rier, à la tête d’une petite troupe, se fait fort de for­cer la porte… sans suc­cès. Il se met en colère quand le gar­dien lui dit qu’il n’appartient pas à la légende, et menace celui-ci. Sio­ban s’interpose et le met à terre après un court com­bat.
Si son oncle lui raconte com­ment son père a pu régner, il lui pré­sente sa fille Aylissa. Sea­mus met en garde Sio­ban contre sa cou­sine car de fâcheuses rumeurs courent sur son compte. Celle-ci pro­pose une pro­me­nade à che­val pour faire plus ample connais­sance. Elle l’emmène à la faille. Avec sa mon­ture, elle fran­chit la tran­chée, met­tant sa cou­sine au défi de faire de même. Sio­ban échoue et tombe dans le ravin. Elle sur­vit à sa chute et découvre un peuple banni, des hommes qui vont l’aider à révé­ler son destin…

Pour ce cycle, c’est Paul Teng qui prend le relais avec un des­sin réa­liste. Les per­son­nages sont beau­coup repré­sen­tés en buste, voire seule­ment le visage pour ren­for­cer une expres­si­vité et les émo­tions éprou­vées. Paral­lè­le­ment, il signe des décors de belle fac­ture. Ses ani­maux de légende, tels les dra­gons et autres monstres, dégagent une réelle impres­sion de puis­sance. La colo­ri­sa­tion est due au talent de Béren­gère Mar­que­breucq qui pri­vi­lé­gie les teintes froides, sombres, ren­dant par­fai­te­ment l’atmosphère qui pou­vait régner dans cette région, pre­nant en compte l’éclairage réduit par l’usage des torches et autres chan­delles.
Lord Heron, qui ouvre ce nou­veau cycle, éveille un bel inté­rêt avec une his­toire que l’on pressent dense, mise en images par un duo de créa­teurs au talent incontestable.

lire un extrait

serge per­raud

Jean Dufaux (scé­na­rio), Paul Teng (des­sin) & Béren­gère Mar­que­breucq (cou­leurs), Com­plainte des Landes per­dues — Cycle 4 – t.01 : Lord Heron, Dar­gaud, octobre 2021, 64 p. – 15,00 €.

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