Le Cahier est issu d’un moment d’écriture qui a pour support un cahier Conquérant de 90 pages à petits carreaux; il est manuscrit jusqu’au moment où je l’écris de nouveau , cette fois-ci sous la forme d’un texte.
J’y prône la possibilité donnée à l’écrivain de, tout en parlant de lui, tenir un discours pour autrui.
J’aime la forme “je”, qui a des principes d’identification auxquels je prête foi.
Fragment XXV ou L’intellection
Que définit l’intellection ? Une zone. Le retour naturel de la complexité du monde environnant.
Une espèce de feu au-dedans. Une part ombreuse en soi qui a besoin d’exercices spirituels.
Cela reste évidemment un lieu ambigu, jugeant de lui-même sa zone d’attache, ses zones de compétences. Richesse. Éparpillement.
Une atomisation. Une part dévorante de soi.
La personne se construit grâce à l’intellection qu’elle possède pour pousser la frontière des choses ou pour délimiter son champ d’action.
C’est une grâce en un sens.
Cicatriser. Raisonner suffisamment afin d’acquérir une autonomie dans le contrôle de soi. Oui, marquer ses limites.
Rendre intelligible l’ensemble des questions. Des sujets d’étrangeté qui, par entendement, se dessinent familiers.
En somme, réfléchir aide, soutient, construit. Réflexion capable d’autant de plasticité, de renouveau, de changement, d’objets d’étude ; cerner les peurs, enclaver l’angoisse.
Concevoir dans l’absolu. Faire confiance. Agir mûrement.
Bien sûr, cette connaissance n’est ni lisse ni unifiée par autorité naturelle. Non, elle est mélange, refuge aussi, faite de brisures, parfois assaillie par le mal, la folie, les dérèglements de l’esprit, sous l’emprise de l’alcool par exemple.
Trouble dans le connaître ; telle pourrait être la suffocation au-dedans de soi, dans le milieu de nos personnalités.
Car cette action, ce travail de l’intellect se partage, fait pain de savoir.
Didier Ayres