Ou la légèreté du geste
En dépit de son art “pauvre”, Miro a toujours été intéressé par le bronze. Il l’a même utilisé parfois pour couler en plaques certains de ses dessins à l’intention d’une des revues surréalistes auxquels il collabora.
Néanmoins, il va le métamorphoser parfois de la même façon qu’un Picasso. Pour preuve, il écrit dans un de ses carnets des années 40 : “Pour faire les sculptures, me servir comme point de départ des objets que je collectionne, de la même façon que je me sers des taches du papier et des accidents sur les toiles”.
Et dans ses séjours en campagne, il fait un moulage de tels objets pour travailler dessus afin qu’ils ne soient plus tels quels et se transforment en sculpture. Ces objets simples qui stimulent son imagination sont parfois difficiles à reconnaître.
D’autant que, souvent, il y ajoutait de la terre modelée. C’est en effet et pour une part par la céramique travaillée avec Artigas qu’il est venu à la sculpture.
Chez lui, le bronze (entre autres) ne possède pas la pesanteur de sa matière mais la légèreté du geste qui la crée. C’est comme une brebis libérée du troupeau d’une telle origine.
Miro crée un surréel par de tels assemblages aussi prolétariens que féeriques bien plus que chez un Dali qui semble n’avoir pris de l’amour que de ses accessoires.
jean-paul gavard-perret
Joan Miró, Bronze and Paper, Galerie Lelong and Co, Paris, décembre 2020 — janvier 2021.