Diverses cultures influencent l’approche photographique de la brésilienne Josiane Dias. Elle vit et travaille entre Genève et New York. Inspirée principalement par le paysage urbain, elle est à la recherche du détail inaperçu, de l’éphémère dans ce qui devient une poétique des espaces et des lieux. L’artiste crée des effleurements et elle “origine” le tout par le peu comme par des plans plus larges.
Les propositions plastiques deviennent des voix muettes dans les profondeurs de la lumière là où tout est axé vers la présence sourde de l’inépuisable en divers types de tournoiements ou d’ondulations créés par la nomade de l’univers.
Josiane Dias, Art Party, Espace L, Genève, du 9 au 12 décembre 2020.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La joie de vivre et de découvrir de nouvelles choses.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
J’ai déjà réalisé certains rêves, mais je suis toujours à la recherche d’autres.
A quoi avez-vous renoncé ?
J’ai renoncé à la prévisibilité, et à la sécurité qu’elle apporte.
D’où venez-vous ?
De Curitiba, une ville au sud du Brésil.
Qu’avez-vous reçu en “héritage” ?
Beaucoup de choses, mais les plus importantes sont l’amour de la connaissance et le pouvoir transformateur de l’éducation ainsi que le respect envers les autres, quelle que soit leur condition.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Faire une belle promenade en ville et sentir la brise, écouter les oiseaux, regarder les arbres.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres photographes ?
Je suis toujours à la recherche de la beauté et de la poésie dans les choses quotidiennes. Ma photographie est très proche de la peinture et je veux toujours questionner la manière dont nous voyons normalement les choses, montrer qu’il y a un monde parallèle, fascinant, qui passe souvent inaperçu. Il est là, autour de nous.
Comment définiriez-vous votre approche du paysage ?
Une approche à la fois passionnée et poétique, privilégiant le détail.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Je ne me souviens pas exactement de la première, mais c’était presque certainement des peintures de Van Gogh lorsque j’ai visité le musée d’Orsay pour la première fois. J’étais complètement émue. Et aussi la photographie des films de Fritz Lang et Buñuel.
Et votre première lecture ?
C’était les Contes d’Andersen. Je les ai lus et relus de nombreuses fois et je ne m’en lasse pas. Aujourd’hui encore, le conte « Les Habits neufs de l’empereur » m’étonne.
Quelles musiques écoutez-vous ?
J’aime João Gilberto et la bossa nova, John Coltrane, Billie Holiday, le jazz en général, comme la musique classique, l’opéra.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
Les “Souvenirs posthumes de Bras Cubas”, de Machado de Assis.
Quel film vous fait pleurer ?
Chaque fois que je vois, “Les Choristes”, je pleure toujours. C’est très captivant.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Une personne qui aime la vie, qui aime être en mouvement et toujours découvrir de nouvelles choses.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Aucune personne me vient en tête pour l’instant.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Venise, pour son côté éthéré, surréel, d’une beauté extraordinaire et inégalée. Être là est une expérience magique, c’est comme être dans un monde flottant.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Ils sont si nombreux ! Mais certainement Matisse, Sonia Delaunay, Lygia Clark, Georgia O’Keefe, Man Ray, Saul Leiter, Geraldo de Barros, Hopper. Parmi les écrivains importants de ma vie, je citerais Fernando Pessoa, Machado de Assis et Clarice Lispector.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Outre un objet Fornasetti ou un livre d’art ou sur l’art, être avec ma famille sera toujours mon meilleur cadeau.
Que défendez-vous ?
La liberté, la diversité et la justice sociale.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Ce qui est une chose intangible. Ce qui peut être n’importe quoi, ou rien.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
C’est une ouverture sur la vie.
Et si le coeur vous en dit, celle de Vialatte : “L’homme n’est que poussière, c’est dire l’importance du plumeau” ?
L’homme est à la fois la poussière et le plumeau.
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
L’importance de l’art dans nos vies. Ma réponse : elle nous sauve de nous-mêmes. Elle est un antidote à notre éphémérité.
Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 11 décembre 2020.