Casser les plafonds de verre
Le Milanais Paolo Ventura est un des grands artistes italiens contemporains. Après avoir travaillé comme photographe de mode, il s’est installé à New York au début des années 2000 avant de revenir dans son pays d’origine.
Il s’est alors consacré à des travaux plus personnels.
De ses oeuvres émane une vision poétique du monde. Ventura monte des décors dans lesquels naissent de courtes histoires féeriques et surréalistes que l’auteur retient à travers ses prises.
Avec « War Souvenir » (2005), il a recréé des atmosphères de la Première Guerre Mondiale au moyen de petits décors de théâtre et des marionnettes. Ce travail l’a fait reconnaître comme un des génies de la photographie.
Mais c’est ensuite qu’il réalise ses projets les plus connus. Il y mélange photographie, peinture, sculpture et théâtre. Par exemple dans la scénographie de “Pagliacci” de Ruggero Leoncavallo au Teatro Regio de Torino.
“Camera” présente quelques-unes des œuvres les plus fortes de ces quinze dernières années dans un mélange de langages et de médiums : dessins, maquettes, décors, masques, costumes. En rémanence, le thème du double est présent et se démultiplie selon diverses modalités.
Cette exposition présente aussi deux projets inédits : « Grazia Ricevuta », une révision ironique de l’ex-voto, et « La Gamba Ritrovata » tout en clins d’oeil envers le surréalisme et le futurisme réinterprétés avec finesse.
L’ensemble permet de casser bien des plafonds de verre au sujet de genres ou d’écoles parfois décriées (suivant la position que nous avons d’un côté ou de l’autre des Alpes et du Mont Cenis).
jean-paul gavard-perret
Paolo Ventura, “Carrousel”, “Camera”, Turin, 17 septembre au 8 décembre 2020.
