En gouache noire, aquarelle, résine gomme-laque et feuilles dorées sur papier Lokta, encadrées métal noir mat, Wladd Muta crée une sorte d’hommage à la forme et la présence des trous noirs.
Chemine un sourd battement aux paupières épuisées mais qui laisse passer la rage du regard là où l’abandon du visible accuse le silence. L’auteur donne une vision là où nul regard ne se pose. Il puise la brûlure de noir, joue avec l’obscur.
S’incarne un mystérieux écho de l’origine planté en chaque centre hanté de tout ce qu’il avale : objet, temps, mémoire.
S’écrase la fulgurance de l’instant au passage de tels “lieux” percés au rayon de la nuit.
Se referme le jardin d’une palpitante pupille à l’épuisement d’un début disloqué et dont nul humain ne connaît le départ.
Wladd Muta scénarise ainsi ce qui dépossède, détourne les envols paralysés au seuil de la sève.
Combien de soustractions en de tels trous ? Nul ne le sait. Ils sont les uniques témoins des amputations de l’univers, mais l’artiste fait jaillir ce qui par eux s’absente.
jean-paul gavard-perret
Wladd Muta, Les offrandes à la ruche du ciel, galerie l’Antichambre, Chambéry, du 4 au 19 septembre 2020.
Une fois de plus la galerie L’Antichambre , unique de modernité en cité ducale embaumée dans un classicisme suranné , offre les œuvres exceptionnelles d’une vision qui éclaire l’univers en parure dorée .