Alexandre Mare & Stéphane Boudin-Lestienne, Charles et Marie-Laure de Noailles, mécènes du XXe siècle

Une typo­lo­gie par­faite du mécénat

Quatre ans de tra­vail et une ico­no­gra­phie magis­trale offrent un voyage dans une époque intense de créa­tion.
Elle per­met de voir défi­ler autour de Marie-Laure et Charles de Noailles le gotha des écri­vains, musi­ciens, cinéastes, col­lec­tion­neurs du siècle der­nier : Proust, Picasso, Coc­teau, Pou­lenc, Gia­co­metti, César, Georges Auric, Bunuel, Michel Lei­ris etc.

Preuve que les Noailles aiment l’audace et res­tent les défen­seurs des artistes lorsqu’ils en ont besoin. Sans aucun a priori ou ostra­cisme, ils se mettent à leur ser­vice. Et même les plus réti­cents qui les trouvent trop riches (Bunuel, Pré­vert) se laissent faci­le­ment convaincre…
Pour les Noailles seul compte l’intérêt pour les créa­teurs qu’ils favo­risent de diverses manières en se sou­ciant peu des cri­tiques. Le tout avec une élé­gance rare qui n’attend rien en retour.

Ils s’arrangent tou­jours pour aider selon diverses stra­té­gies : créa­tion d’un club (“Le groupe du Zodiaque”) pour aider Dali, rési­dences d’été, achats d’oeuvres afin que nul ne se sente un obligé. Ils achètent ainsi des oeuvres à Eluard qui vit de la vente d’art et financent Bre­ton pour la publi­ca­tion de sa revue “Le sur­réa­lisme au ser­vice de la révo­lu­tion” et de ses oeuvres.
Alexandre Mare et Sté­phane Boudin-Lestienne mettent en évi­dence leur rôle majeur et plu­ri­voque. Car s’ils favo­risent Bre­ton et ses com­parses (Cre­vel, Ara­gon, et cer­tains pique-assiettes), ils défendent aussi le clan opposé animé par Georges Bataille dont ils sont les pre­miers à ache­ter L’Histoire de l’Oeil.

Ils font preuve aussi d’une pas­sion pour l’éthographie et pra­tiquent un mécé­nat muséo­gra­phique à son sujet tout en favo­ri­sant la tra­ver­sée Dakar-Djibouti avec Michel Lei­ris. Les de Noailles repré­sentent donc une typo­lo­gie par­faite du mécé­nat. Existe chez le couple un enga­ge­ment absolu et le souci d’une sorte de mis­sion fon­da­men­tale.
A la pointe des formes nou­velles, ils assu­me­ront tou­jours leur choix depuis leur “Ether” de la villa de Hyères. Ils ont créé un modèle de mécé­nat qui n’écrase en rien les créa­teurs et l’ont super­be­ment assumé dans les domaines de la pein­ture, de la déco­ra­tion, de l’architecture, de la lit­té­ra­ture mais aussi du cinéma avec Man Ray et Bunuel.

jean-paul gavard-perret

Alexandre Mare & Sté­phane Boudin-Lestienne, Charles et Marie-Laure de Noailles, mécènes du XXe siècle, co édi­tions Villa Noailles Hyères / Ber­nard Chau­veau , 2020.

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