Huit ans après la publication de sa mise en abyme sociale Francebitume, l’éternel jeune auteur aujourd’hui âgé de 30 ans publie une nouvelle ode à la musique, cette fois la musique classique et l’électro.
Après avoir tenté de polir le diamant brut qu’est la jeunesse des cités, il s’attache ici à comprendre la vie de ceux qui ont tout mais qui peinent pourtant à trouver un sens à l’existence : les jeunes hipsters parisiens.
Entre la réalité virtuelle proposée par les réseaux sociaux, la permanence des drogues et l’inquiétude vis-à-vis du monde, cette jeunesse semble se perdre dans ce que Kundera nomme « le kitsch », autrement dit les symboles, le paraître. Obnubilés par le nombre de likes de leur dernière publication Instagram ou par l’image qu’ils renvoient, certains des protagonistes ne sont pas épargnés par l’auteur.
L’un d’entre eux, Arthur, solitaire adepte du cannabis et du cocon vers lequel il transporte, s’inscrit à l’inverse dans une démarche d’authenticité. Le but de son existence est de constamment s’enrichir de savoirs. De la musique classique à la littérature en passant par une quête existentielle qui le mènera jusqu’en Inde, il semble avoir besoin de trouver un sens pour apaiser sa conscience.
L’auteur nous présente donc trois jeunes gens qui vont chacun évoluer à leur façon pour devenir des adultes. Il insiste sur la précarité du monde de l’Art à travers la vie de Félicien et Max, un écrivain et un artiste-peintre. Tous deux sont amoureux de leur art mais, faute d’argent, ils vont devoir le laisser de côté pour trouver un emploi alimentaire.
L’évolution de ces personnages, artistes idéalistes prêts à tout sacrifier pour leur rêve au début de l’ouvrage, puis résignés à rejoindre le monde du travail tout en n’abandonnant jamais leur passion, est saisissante de réalité.
Ce court roman met en scène une jeunesse perdue et paradoxale : virtuellement renfermée sur elle-même et pourtant ouverte sur le monde. Il immortalise également l’est-parisien d’aujourd’hui, sa vitalité, son arrogance, sa jeunesse.
Un bol d’originalité teinté de cynisme dans cet océan de bons sentiments qu’est la rentrée littéraire d’hiver 2020.
louis taillandier
Benjamin Rosenberg, À côté, l’Harmattan, Paris, 2020, 146 p. — 15,00 €.