Les Mille et Une Nuits (Guillaume Vincent)

Saveurs de minuit

Des femmes en robe de mariée attendent sur scène. Quand la lumière verte s’allume, l’une d’elles pénètre par une porte ouvrant sur un esca­lier qui la dérobe à notre regard. La musique d’ascenseur prend peu à peu une tona­lité dra­ma­tique. Des lamen­ta­tions incan­ta­toires ouvrent le spec­tacle. Le rythme des appels s’accélère ; les femmes acceptent avec dou­leur leur des­tin, qui s’inscrit en traces rouges sur les parois de la mon­trée d’escalier.
Guillaume Vincent construit une relec­ture des contes tan­tôt en les enchâs­sant, tan­tôt en les fusion­nant ; il les dyna­mise et les éro­tise. Entre les his­toires nar­rées, des inter­mèdes salu­taires, iro­niques ou émou­vants, célèbrent la fémi­nité et l’arabité. Le pro­pos est nourri, varié, enlevé : il valo­rise les femmes et les frasques de l’affectivité.

Dans la seconde par­tie, sans que soit expo­sée la nar­ra­tion, on est plongé dans le récit, et du même coup dans le sym­bo­lique. Le sens de l’amour et de ses retour­ne­ments est révélé de façon allé­go­rique par la com­pli­cité et la riva­lité impli­cites de deux femmes via les dia­logues à dis­tance qu’elles s’adressent en creux quand elles échangent avec le bel amou­reux devenu porte-parole ; ce qui éclaire ses choix avant de l’amener à en éprou­ver dure­ment les consé­quences.
On parle de désir et de légè­reté avec viva­cité, dans une approche à la fois inti­miste et pétillante. La puis­sance des femmes – dis­tincte de la vio­lence du pou­voir – est mise en valeur dans ses aspects affec­tifs, de proxi­mité, comme un tissu qui imbrique nos affinités.

Un spec­tacle sen­sible, effi­cace, conser­vant quelques traces d’hermétisme, mais porté et enjoué, comme le jeu de oud et les chants qui l’accompagnent. Une mise en scène réus­sie, qui sait allier la sen­sua­lité, par­fois la gri­voi­se­rie, avec la gra­vité, la solen­nité de pro­pos qui disent la fra­gi­lité de nos expériences.

chris­tophe gio­lito & manon pouliot

 

Les Mille et Une Nuits

une créa­tion de Guillaume Vincent

très libre­ment ins­pi­rée des Mille et Une Nuits

(de droite à gauche) Emi­lie Incerti For­men­tini, Flo­rence Janas, Kyoto Take­naka © Eli­za­beth Carecchio

avec
Alann Baillet, Flo­rian Baron, Mous­tafa Benaï­bout, Lucie Ben Dû, Hanaa Bouab, Andréa El Azan, Émi­lie Incerti For­men­tini, Flo­rence Janas, Makita Samba, Kyoko Take­naka, Charles-Henri Wolff.

Dra­ma­tur­gie Marion Stouf­flet ; scé­no­gra­phie Fran­çois Gauthier-Lafaye ; col­la­bo­ra­tion à la scé­no­gra­phie Pierre-Guilhem Coste ; lumière César Gode­froy ; col­la­bo­ra­tion à la lumière Hugo Ham­man ; com­po­si­tion musi­cale Oli­vier Pas­quet ; son Sarah Meunier-Schoenacker ; cos­tumes Lucie Ben Dû ; assis­tant à la mise en scène Simon Gelin.

Au théâtre de l’Odéon, place de l’Odéon, 75006 Paris

20h du mardi au samedi, 15h le dimanche

Du 8 novembre au 8 décembre, relâche le 10 novembre.

Repré­sen­ta­tions sur­ti­trées en anglais tous les samedis

durée 3h (avec un entracte)

pro­duc­tion Cie Midi­Mi­nuit
copro­duc­tion Odéon-Théâtre de l’Europe, Théâtre de Lorient-CDN, TNB-Centre  euro­péen théâ­tral et cho­ré­gra­phique, Mal­raux scène natio­nale Cham­béry Savoie, Scène  natio­nale d’Albi, Théâtre de Caen, Comé­die de Caen – CDN de Nor­man­die, Théâtre  du Nord – CDN Lille Tour­coing, Mai­son de la Culture d’Amiens, Le Cra­tère scène  natio­nale d’Alès, La Fila­ture scène natio­nale – Mul­house, Le Par­vis scène natio­nale  Tarbes-Pyrénées, Le Quartz – scène  natio­nale de Brest
avec le sou­tien de La Comé­die de Reims – CDN,  La Char­treuse – centre natio­nal des écri­tures  du spec­tacle, le T2GCDN de Gen­ne­vil­liers,  l’Institut fran­çais d’Égypte au Caire
avec la par­ti­ci­pa­tion artis­tique du Jeune théâtre  natio­nal et de la Mai­son Louis Jouvet/ENSAD LR
La Cie Midi­Mi­nuit est sou­te­nue par la DRAC  Île-de-France – minis­tère de la Culture et par la région Île-de France dans le cadre de l’aide à la créa­tion
avec le sou­tien du Cercle de l’Odéon

Tour­née

Les 26 et 27 sep­tembre 2019 – Théâtre de Lorient – CDN
Les 3 et 4 octobre 2019 – Le Cra­tère Scène natio­nale d’Alès
Les 9 et 10 octobre 2019 – Le Par­vis – scène natio­nale Tarbes-Pyrénées
Les 16 et 17 octobre 2019 – Bon­lieu Scène natio­nale Annecy
Du 6 novembre au 8 décembre 2019 – Odéon-Théâtre de l’Europe
Les 13 et 14 décembre 2019 – Mai­son de la Culture d’Amiens
Les 19 et 20 décembre 2019 – Mal­raux – Scène natio­nale Cham­béry Savoie
Les 7 et 8 jan­vier 2020 – La Comé­die de Valence CDN
Les 15 et 16 jan­vier 2020 – CDN de Besan­çon
Les 21 et 22 jan­vier 2020 – La Filature-Scène nationale-Mulhouse
Les 26 et 27 jan­vier 2020 – Scène natio­nale de Châ­teau­roux
Du 4 au 8 février 2020 – Théâtre du Nord – CDN Lille Tour­coing
Du 12 au 14 février 2020 – Théâtre de Caen
Les 25 et 26 février 2020 – Scène natio­nale d’Albi
Du 3 au 7 mars 2020 – TNB-Centre Euro­péen Théâ­tral et Cho­ré­gra­phique
Du 19 au 21 mars 2020 – La Criée – CDN
Les 25 et 26 mars 2020 Le Quartz – Scène natio­nale de Brest
Les 16 et 17 juin 2020 – Fes­ti­val d’Anjou

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