Francis Ryck nous emmène au sein du monde carcéral de façon froide et effarante, en compagnie d’André et de ses démons.
André a toujours échappé à la prison, sauf que les meilleures séries ont une fin. André appartient à l’organisation ; il a une femme qui l’aime, qui est prête à tout pour lui et qui ne manque pas de lui faire savoir à chacune de leurs rencontres dans un parloir hyperbondé où le sexe prend toute sa mesure : seins dévoilés, œillades en tous genres et vers tout le monde, branlettes aveugles. André n’est pas une balance, seulement voilà, emprisonné pour un simple cambriolage, il se retrouve au cœur d’une tout autre affaire. Une enquête pour meurtre vient d’être ouverte à son encontre. André devient une victime de l’organisation. Alors quand Roger vient jouer les trouble-fête dans la cellule qu’il partage avec Tran, un Vietnamien, André comprend que l’organisation tient à le supprimer. Le meurtre d’un détenu par un autre détenu est toujours une aubaine pour l’administration. André se perd dans une somme de tourments avant de décider de prendre les devants. Et de se suicider. Mais rien n’est simple. L’affection que lui porte Tran, malgré le respect que celui-ci lui voue, va l’amener dans une autre direction. Lisa, sa femme, va alors réunir une équipe pour faire évader son homme. Et l’équipée menace d’être sanglante.
À 85 ans, Francis Ryck n’a rien perdu de sa verve littéraire. Jamais aussi fort ni précis que lorsqu’il décrit le monde carcéral, celui qui l’a hanté un temps fait ici étalage de sa c(l)asse. On découvre avec effarement les hantises des détenus, leur gêne et surtout les misérables conditions d’existence souvent moyenâgeuses qu’ils doivent affronter. La vie d’un détenu ne vaut pas grand-chose, c’ést une évidence. Et sa survie encore moins. Avec La Casse, c’est aussi l’esprit des truands qui en prend pour son grade. Entre la mesquinerie des uns et le total mépris pour l’honnêteté des autres, la loyauté ne veut absolument plus rien dire. Le truand emprisonné est un lâche, mais pas autant que celui en liberté. Et que dire de la violence qui découlera de tout ça avec une opération commando de la dernière chance et de l’amour pour faire évader un être qui ne demande rien à personne et qui n’est plus, lui, amoureux ? Car avec Francis Ryck la casse est à tous niveaux et elle est foudroyante.
julien védrenne
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Francis Ryck, La Casse, Éditions Scali, février 2007, 184 p. — 19,00 €. |