Le somptueux jugement de l’histoire
Nous trouvons Galilée au bain ; tandis qu’on lui prodigue des soins élémentaires, il est déjà animé par des préoccupations scientifiques. Le chercheur nous est montré dans sa vie quotidienne, avec son caractère mariant exigence et bonhommie. L’enchaînement des découvertes inquiète ses proches ; un ami vient avertir Galilée du risque encouru à quitter la République de Venise pour Florence, soumise à des autorités religieuses plus sourcilleuses.
Pourtant, poussé par son appétit de connaissances et d’innovations, Galilée s’expose aux moqueries des dialecticiens de la cour florentine, ainsi qu’à la peste qui va affecter la ville. La pièce est forte et dynamique ; elle alterne les scènes d’intimité, les débats publics, les tableaux festifs et les discussions privées.
La démarche de Galilée est présentée comme une recherche de bon sens, proche du peuple. La troupe se montre efficace, un peu gouailleuse, au service du propos délibérément non sophistiqué de Brecht. La mise en scène procède d’un symbolisme un peu explicite. En ce sens, le décor est constitué de grandes toiles, reproduisant des détails des tableaux de maîtres de la Renaissance, donnant un aspect solennel au propos tenu dans un cadre simple, constitué d’un mobilier des plus modestes.
Ainsi le ballet des membres du Collegium Romanum est-il bouleversé par la reconnaissance de la valeur des recherches de Galilée. Tout au long de la pièce, la question de la recherche intellectuelle est traitée dans sa dimension politique par Brecht. La remise en cause de la tradition de connaissance risquerait de produire une remise en cause de la tradition d’établissement du pouvoir.
A terme, l’attitude de Galilée est soumise au jugement de l’histoire : savant novateur et dissimulateur ou bonhomme trop sensible, victime de son absence de témérité ? Le spectacle se tient, bien qu’il soit cousu avec du fil un peu trop visible.
La pièce est alerte et nourrie, mais elle procède, tant comme texte que comme représentation, de ressorts un peu visibles. Le spectacle est magnifié par les décors et les costumes dont la succession constitue un ballet somptueux.
christophe giolito
La vie de Galilée
de Bertold Brecht
Mise en scène Éric Ruf
© photo Vincent Pontet
Avec Véronique Vella, Thierry Hancisse, Alain Lenglet, Florence Viala, Jérôme Pouly, Guillaume Gallienne*, Serge Bagdassarian*, Hervé Pierre (Galilée), Bakary Sangaré, Pierre Louis-Calixte*, Gilles David, Jérémy Lopez, Nâzim Boudjenah*, Julien Frison*, Jean Chevalier, Élise Lhomeau, Birane Ba*, et les académiciens de la Comédie-Française Peio Berterretche, Béatrice Bienville, Magdaléna Calloc’h, Pauline Chabrol, Noémie Pasteger, Léa Schweitzer, Thomas Keller, Olivier Lugo, Jordan Vincent. (* en alternance)
Traduction Éloi Recoing ; costumes Christian Lacroix ; lumière Bertrand Couderc ; musique originale Vincent Leterme ; son Colombine Jacquemont ; travail chorégraphique Glysleïn Lefever ; collaboration artistique Léonidas Strapatsakis ; assistanat à la mise en scène Alison Hornus ; assistanat à la scénographie Julie Camus ; assistanat aux costumes Jean Philippe Pons ; assistanat à la lumière Lila Meynard.
A la Comédie Française, Salle Richelieu, place Colette, 75001 Paris
https://www.comedie-francaise.fr/fr/evenements/la-vie-de-galilee-m6ec2w
Selon le calendrier de l’alternance des spectacles, reprise début octobre. https://www.comedie-francaise.fr/fr/calendrier