Epicentre de la banalité contemporaine
Très loin d’Ibiza et bien plus près du blizzard, le héros de Labruffe, confit dans sa station d’essence, se pompe d’air. S’ « ambiancer » comme on dit désormais n’est pas le fait du héros. Il s’ennuie tellement que non seulement il n’en peut plus mais se demande depuis combien de temps il est près du pont de vidange.
Mais son inventeur vient à son secours. il concocte pour lui (et pour les lecteurs) kyrielle d’intrigues quelconques et des incidents érotiques peu enclins aux plaisirs à satiété. Leur recherche est souvent du temps perdu.
Souvent, tant va l’homme au lit qu’à la fin il s’endort. Parfois même avant l’amour. Faute sans doute d’absence de dopamine ou autres hormones de croissance. Si bien qu' »en voiture Simone » reste lettre morte et se conjugue à l’imparfait du subjectif. Il n’empêche, le récit à un effet bénéfique.
En creusant « l’épicentre de la banalité contemporaine » l’auteur crée pour sa progéniture comme pour son lecteur un commerce des plus roboratifs au moment où sur une telle aire de rien l’imagination est loin d’être en panne : proche des rocades et déviations, elle est déjantée lorsque les plaisirs des sens sont en panne et ceux d’essence de mise.
jean-paul gavard-perret
Alexandre Labruffe, Chroniques d’une station-service, Collection Verticales, Gallimard, 2019.
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