Jacques Cauda, L’amour La jeunesse La peinture & Les cinq morts de Paul Michel

Jacques Cauda, L’amour La jeunesse La peinture & Les cinq morts de Paul Michel

Le bal des caves immenses

A ceux qui ont oublié que les amours adolescentes ne sont pas les moins érotiques, Jacques Cauda propose un retour sur investissement et une remise à l’heure là où se croise un Petit Muscle. Il ne doit pas son surnom autoproclamé à l’appendice qui ne lui servirait pas un jour à seulement à pisser. Il y a aussi, noire de barbe et  d’idée, Saucisson et – aussi sot que lui – Vlad le narrateur de L’amour, la jeunesse, la peinture.
Sans oublier Sonia qui inspire au trio certaines expiations. Elles n’ont rien de futiles. Le tout à la bougie d’une version d’un tableau de Georges de la Tour. Mais on sait ce que les bougies valent (même les soirs de Noël).

Pour autant et au-delà des jours de naissance comme ceux de sénescence, la mort n’est pas forcément au rendez-vous. En témoigne le Paul Michel de Cauda. Plus vif que mort et plus éternel que Jésus mais moins que les chats – puisqu’il ne possède que cinq vies -,  il n’a pas de quoi en vouloir au destin des félins.
Un tel quintet d’existences suffit à la félicité qu’une Fée licite incarne en  Eve. Quoique non coupable, elle peut se découper. Bref, de quoi réjouir celui qui faisant le Jacques reste un éventreur dans ses serments à sonnette.

Le  héros a du bol. C’est un peu un Ravel . Ou un Thelonious Monk tant les pages du livre sont imprégnées de rythmes brisés, de sauts et de continuités. Une telle musique littéraire rigole, s’échappe, exige un désaccord dans des marches sur l’asphalte jungle d’où s’échappe par bouffées et ça et là une douceur. Elle émerge – grâce à Cauda le SSS (Sueur, Sang, Sperme) –  en apnée.
Nagent des notes dont les croches et accroches phrastiques écorchent la pulsation de vie contre la pulsion de mort. Et ce, par intervalles comme dans les tableaux noirs de Goya.

Ici, le jus de goyave n’a jamais été aussi rouge sous la lumière jaune de la rue des Haies ou en des arrière-cours interlopes. S’y pratiquent certains jeux pipés de l’amour.
Bienvenue aux tricheurs afin que se lève enfin dans l’océan tranquille de la littérature un ailleurs jusque dans le mal qu’on nous ou se fait parfois.

jean-paul gavard-perret

Jacques Cauda, L’amour La jeunesse La peinture & Les cinq morts de Paul Michel, Editions Lamiroy, 2019, chacun 42 p. et 4,00 €.

Laisser un commentaire