Avec ce volume, les éditions Glénat proposent une sixième adaptation des nouvelles de Robert E. Howard relatives aux aventures musclées de Conan.
Celui-ci a été créé en 1932, formatant l’héroic fantasy. Il évolue dans un univers barbare, et se revendique comme tel d’ailleurs, à l’âge Hyborien. Cette période est une création de l’auteur qui semble avoir voulu associer la mythique Hyperborée et le mot hybride.
Olivia fuit dans les marais, mais se fait rattraper par son seigneur et maître, le puissant shah Amurath. Alors qu’il l’emmène de force, surgit un combattant qui vient venger les siens massacrés, torturés par le seigneur. Le combat tourne à l’avantage du guerrier. Olivia décide de suivre celui qui se présente comme Conan de Cimmérie. Elle ne veut surtout pas retourner chez les Hyrkaniens où, offerte en cadeau à Amurath, elle a été soumise de force, torturée.
Utilisant un canot, ils font route vers une île qui semble accueillante et déserte. Quand ils pénètrent dans la forêt, à la recherche de fruits, un gros caillou jeté avec force les manque de peu. Conan ne repère aucun assaillant. Ils arrivent dans une cité abandonnée où les temples sont peuplés de statues qui semblent si vivantes, maléfiques. Après une nuit de cauchemars pour Olivia, ils voient, au loin, la voile d’un bateau. Mais le pire danger n’est-il pas à l’intérieur de cette île où ces ruines étranges suintent la magie…
Cette nouvelle a été écrite dans un but alimentaire. Le nouvelliste, après la crise de 1929 et ses conséquences sur l’édition, a vu ses débouchés se restreindre drastiquement. Il cède aux exigences des ventes, à savoir animer des personnages féminins seulement vêtus de quelques voiles. Parallèlement, le rédacteur en chef de Weird Tales recrute une nouvelle illustratrice, Margaret Brundage qui excelle à mettre en couverture, dans des pastels délicats, des demoiselles aussi peu vêtues que l’autorisait la censure de la société puritaine des États-Unis.
L’intrigue se compose de deux fuites, celle de Conan qui veut retrouver une région plus paisible et celle d’Olivia qui quitte un monde prétendument civilisé où elle n’a aucune liberté sauf celle de se soumettre à un pouvoir mâle.
C’est Virginie Augustin qui assure une adaptation complète avec scénario, dessin et mise en couleurs. Elle a saisi toute les richesses du texte d’Howard et elle magnifie celles-ci donnant vie à un Conan monolithique et à une princesse qui va se montrer offensive et capable de survivre dans un monde hostile. Elle fait ressortir sa force de caractère, sa volonté d’indépendance et d’égalité avec l’Homme. Ce souci de liberté, d’égalité des femmes est une des constances de l’œuvre d’Howard.
Le dessin est superbe, délicat, d’une réalisation efficace avec tout le dynamisme des scènes de combat, la poésie qui se dégage de certains scènes, les émotions des personnages.
Avec Chimères de fer dans la clarté lunaire, la série s’embellit encore dans l’attente d’un prochain volume piloté par une équipe plus que chevronnée.
serge perraud
Virginie Augustin (scénario d’après l’œuvre de Robert E. Howard, dessin et couleur), Conan le Cimmérien : Chimères de fer dans la clarté lunaire, Glénat, coll. “Conan le Cimmérien”, mai 2019, 72 p. – 14,95 €.