Philip Pearlstein rappelle le corps en sa nudité recèle la brutalité du réel mais sans la moindre outrance : nous sommes au monde grâce à lui, avant d’avoir une identité sociale, familiale ou politique. Le corps est donc pour l’artiste inéluctable. Et la peinture prend soudain un sens avec lui : sa fragilité se fortifie avec le corps nu. Il est dans l’oeuvre de Pearlstein séparé du monde et semble s’engloutir dans un silence ébahissant.
L’artiste le déchiffre. Il en canalise la puissance loin de toute superficialité d’effets. Le regard est emporté dans un langage plastique qui parcourt toutes les dimensions de la nudité.
Il existe là une présence de l’unité psycho-physique intégrale mais aussi — et par-delà - une quête spirituelle : un “écho” de la nature fait avancer l’inerte dans lequel le corps semble plus ou moins soumis. Mais loin de toute torpeur végétative ou d’un abrutissement catatonique, comme et à l’inverse une recherche de la béatitude ou de l’ataraxie des stoïciens.
jean-paul gavard-erret
Philip Pearlstein, At 95, Galerie Templon, Paris, du 25 mai au 20 juillet 2019.