Zidrou & Jordi Lafebre, Les Beaux étés – t.05 : La Fugue

C’est avec bien des regrets…

Avec ce cin­quième et der­nier tome de la série, on retrouve toute la famille Fal­dé­rault encore trau­ma­ti­sée par leurs der­nières vacances. Ils tentent de fuir Mons pour trou­ver enfin du soleil quand un gros grain de sable va grip­per leur pro­jet.
Au fil de ses albums Zidrou avait fait évo­luer la famille autour de Mam’zelle Esté­rel, la mythique 4L, de l’année 1962 jusqu’à 1979, année où se déroule la pré­sente his­toire.
Des enfants sont arri­vés, des parents sont par­tis et aujourd’hui, les ado­les­cents reven­diquent de vivre leurs propres pro­jets. Il place beau­coup d’humour dans ses scé­na­rii, mais aussi beau­coup de tendresse.

Monsieur Mayo décore son arbre de Noël devant sa fri­te­rie et Made­leine essaie de faire fonc­tion­ner la guir­lande dans le maga­sin de chaus­sures où elle tra­vaille. Pépète arrive, elle ne peut pas ren­trer à la mai­son per­sonne ne répond. Son père a laissé un petit mot disant qu’il file aux urgences à Bruxelles. Made­leine s’affole et part sur le champ. Or, Pierre, qui a été pré­venu par Jite, vient voir Garin vic­time d’un AVC. Ce der­nier trouve la force de lui deman­der une faveur. Made­leine arrive en cou­rant, trouve son mari effon­dré dans la salle d’attente et com­mence à apos­tro­pher une infir­mière lui repro­chant de le lais­ser sans soins. Il l’arrête et lui dit que Garin lui a demandé de reprendre Zagor, la série qu’il avait aban­donné, n’en pou­vant plus.
La situa­tion finan­cière est dif­fi­cile pour la famille. Il a tra­vaillé sept mois sans rému­né­ra­tion et il est en pro­cès pour un pro­jet qui n’aboutit pas. Le sou­ve­nir des der­nières vacances d’été, en Bre­tagne, où ils ont eu une heure de soleil en treize jours le pousse à par­tir vers le soleil pen­dant les fêtes de Noël. Tout le monde se réjouit sauf Louis qui, avec l’argent péni­ble­ment gagné en pro­me­nant les quatre monstres, s’est offert une place au concert des Pink Floyd… à Londres, le 28 décembre…

Chaque album est l’occasion de se remé­mo­rer un tube musi­cal, l’occasion de res­sen­tir un sérieux coup de nos­tal­gie pour une période dis­pa­rue. Était-elle meilleure avec les dif­fi­cul­tés de l’époque ? En 1979, ce sont les Pink Floyd qui font le suc­cès avec The wall. Ce titre figure sur le double album sorti en novembre de cette année mar­quant l’apogée du groupe anglais. C’est le double album le plus vendu au monde.
Le quo­ti­dien des créa­teurs de BD est dépeint avec réa­lisme. Bien que scé­na­riste, Zidrou décrit les affres des des­si­na­teurs, les incer­ti­tudes quant à leur futur, les contraintes de métier, des pro­jets, l’anonymat des assis­tants. Mais n’est pas le cas de tous ceux qui tra­vaillent, qui sentent peser cette incer­ti­tude quant à la péren­ni­sa­tion de leur emploi. Sauf…

Le des­sin semi réa­liste de Jordi Lafebre est tou­jours aussi agréable à regar­der avec son art de mettre en avant les émo­tions de ses per­son­nages, de don­ner le dyna­misme ou l’abandon selon les situa­tions. Le récit est com­plété par un conte de Noël écrit par Pépète : La mai­son qui rêvait de par­tir en vacances.
Une série se ter­mine. Zidrou a fait cinq magni­fiques albums tous plus atta­chants et tou­chants les uns que les autres. Mais l’imagination fer­tile de cet auteur nous pro­met, à n’en pas dou­ter, de beaux pro­jets à venir.

serge per­raud

Zidrou (scé­na­rio), Jordi Lafebre (des­sin et cou­leurs), Mado Peña (cou­leurs), Les Beaux étés — t.05 : La Fugue, Dar­gaud, novembre 2018, 56 p. – 14,00 €.