Le minimalisme d’une démesure
Après de longues dérives — à travers lesquelles Michel Dunand retient l’essence de paysages intérieurs qu’extérieurs -, mais toujours dans la même économie de moyen, l’auteur fait le point. Celui-ci n’est en rien statique : « Je m’invente./ On se définit / comme on peut » écrit celui qui de facto ramène une nouvelle fois à la question du voyage. Et ce, dans un lyrisme particulier : celui de la simplicité. Elle seule cultive le «Qi » plus que le moi du sage.
A l’aide d’œuvres ou de « choses vues » (comme aurait dit Hugo), l’auteur dresse une symbiose entre écriture et perceptions dans ce qu’il retient des instants de soleil. Et chacun sait ce qu’un tel mot représente pour le directeur de la revue « Coup de soleil ». Certes, il n’est pas dupe du beau temps : les voyages se terminent lorsque « s’ébranlera le dernier convoi ». Mais à ce terme, à cette fin, l’auteur préfère le mot « faim ».
Les pages du Journal de Ramuz, une terrasse de café à Arles, le « Jardin Fleuri » de Van Gogh en cette même cité, permettent au discours et à la vie de se poursuivre. Au voyage aussi : et qu’importent ses labyrinthes. Il s’agit toujours et encore d’avancer. Et même si « l’art d’aimer reste introuvable », le désert perd le rouge qu’Antonioni lui avait affublé : Dunand le peuple de ses grâces poétiques.
Des pincées d’humour le pimentent dans le minimalisme d’une démesure.
jean-paul gavard-perret
Michel Dunand, Au fil du labyrinthe ensoleillé, Jacques André Editeur, Lyon, 2018, 72 p. — 12,00 €.