James Caserebe : l’espace soufflé
James Casebere poursuit sa démarche originelle sur les architectures dont les choix figuraux engendrent des réflexions fondamentales sur les espaces, la couleur, les jeux de lumière, de dehors et de dedans. Les lieux désencombrés et vides restent néanmoins animés mais sans que l’œil soit distrait par des éléments anecdotiques ou décoratifs. Le tableau reste avant tout un espace où l’accroche n’est plus le motif mais l’espace lui-même en ses différents jeux d’empreintes, de perspectives et de lumières.
Il existe là une critique implicite du tableau. L’artiste déplace son sujet mais tout en restant dedans et en revendiquant une peinture « peinture ». Les oeuvres proposées chez Templon ne sont donc en rien des absences de lieux mais des espaces producteurs de paradoxes. Le tableau n’est plus le dépôt de la substance imageante mais pour autant il perd sa neutralité de « fond ». Nu, il reste le support d’effluves non de textures mais de structures.
Dans cette opération, l’espace de référence est à la fois le tableau lui-même et son labyrinthe optique en trompe-l’oeil. Il imite moins l’espace qu’il ne le produit en offrant une apparence fausse de saisie et d’immédiateté.
jean-paul gavard-perret
James Casebere, Emotionnal Architecture, Galerie Templon, Bruxelles, du 1er mars au 14 avril 2018.