Yanick Lahens, Douces déroutes

Loin de la plage

Yanick Lahens res­ti­tue la fièvre d’Haïti. Celle qui colle au corps là où la beauté semble la fille aînée de la colère, de la peur, des forces tor­ren­tielles du désar­roi. En dépit des dan­gers quo­ti­diens, de la poli­tique dou­teuse, des vio­lences mul­tiples quelque chose tient. Et ce, même si, à mesure que le pays évo­lue, les espoirs semblent dis­pa­raître.
Haïti ne s’est pas relevé de son séisme et Port au Prince semble un « corps aimé qui s’éloigne. Nous sommes des amants sépa­rés » dit un héros du livre. Mais la roman­cière, entre réa­lisme sans faille et poé­sie, retient la musique de vie entê­tante qui demeure même si le titre est expli­cite. Et n’invite pas aux len­de­mains qui chantent forcément.

Tendre reste néan­moins la nuit car, effa­çant bien des stig­mates elle per­met une sorte d’apaisement au sein de cette forme de polar urbain et même si le livre est bien plus que cela. Comme dans son La Cou­leur de l’aube, Yanick Lahens offre un nou­veau chant d’amour à son pays. Y errent ou avancent des sil­houettes par­fois inquié­tantes pous­sées au crime par la misère.
Mais cha­cun demeure capable de mar­cher encore et encore sur « des kilo­mètres de brume et de tes­sons » pour ten­ter de retrou­ver le para­dis perdu sous un impla­cable présent.

jean-paul gavard-perret

Yanick Lahens, Douces déroutes, Edi­tions Sabine Wes­pie­ser, Paris, 2018, 232 p. — 19,00 €.

 

 

 

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