Valérie Belin : extension du domaine de la photographie
Maîtresse du traitement de la lumière, des contrastes, des couleurs et de divers paramètres savamment orchestrés, Valérie Belin aime à travailler l’incertitude et le doute. Ce qui est donné à voir est-il vivant ou non, virtuel ou réel, vrai ou faux ? Se retrouvent à Bordeaux des séries majeures de la plasticienne : Modèles, Bob, All Star, Still Life, Mannequins, Super Models et Métisses. Les thèmes de l’archétype, ou comme les titre l’indiquent du mannequin et du «modèle », habitent l’œuvre en divers types de « sublimation » (au sens technique ou abstrait du terme).
Dès 2003, l’artiste créa des portraits de mannequins de vitrine dans un style hyperréaliste au sein d’agencements plus vrais que nature jusqu’à donner à l’œuvre et paradoxalement un effet féerique. Il est accentué dans la série All Star et ses super-héroïnes de comics prises comme sujets plastiques. Ils viennent percuter des personnages qu’elle a elle-même créés au sein de compositions habiles faites pour surprendre le regardeur, entre autres par tout un jeu d’échelles par réduction ou un caractère.
La force de l’analyse du monde par l’artiste n’a d’égal que sa propre créativité dans des glacis, des jeux délicats de reflets, de moires, et en des harmonies et dysharmonies subtiles. L’art reste avant tout ici l’objet d’intervention critique en prise constante sur l’univers notre époque.
Le travail demeure en perpétuelle évolution vers une forme d’épure qui tente d’approcher l’essence même de l’objectif que Valérie Belin s’est fixé afin de montrer ce qu’il en est du paraître et de l’apparaître.
jean-paul gavard-perret
Valérie Belin, Exposition, Institut Culturel Bernard Magrez, Bordeaux, 25 octobre 2017 au 25 mars 2018.