Dans une perfection poétique mais aussi graphique (utilisation de la biffure et du caviardage), Perrine le Querrec écrit son livre le plus organique en « hommage » — et bien plus — à Unica Zürn, l’amoureuse éternelle de Hans Bellmer. Il fera écrire sur leur tombe commune du Père Lachaise à Paris : « Mon amour te suivra dans l’éternité ». Mais il était bien tard.
Perrine Le Querrec se met dans la voix et la peau d’Unica qui, d’exil en exil, de cliniques en asile finit par perdre jusqu’à son moi et se contente d’un « U » pour se désigner. L’auteur permet de vivre la décomposition d’une vie, sa dégradation avec des mots simples, pudiques mais ou parfois sans la moindre équivoque : “Elle ne l’aime plus (…) / Elle ne veut plus de lui/ De ses ficelles / De son sexe dur dans l’anus”. Aura-t-il été un jour pour elle protecteur ? N’aura-t-il été que l’inquisiteur jaloux ou l’inaccessible égoïste ?
Parfois, Perrine Le Querrec se fait narratrice, parfois elle devient Unica elle-même : Ruines emporte dans ses runes magnifiques car littérales. Pas un mot de trop, pas la moindre imposture verbale.. Tout est juste. Au cœur de la tourmente. De la perte. De l’amour. Des amours. Défuntes. Que signe le saut final.
jean-paul gavard-perret
Perrine Le Querrec, Ruines, Tinbad ‚ coll. Tinbad poésie, Paris, 2017, 66 p. — 12,00 €. à paraître le 25 avril 2017.
Engrainant de ruines son ” Unica ” Bellmer a offert une exceptionnelle moisson à Perrine et JPGP .