Photographe des femmes pulpeuses, Marc Dubord peut se ranger dans une veine néo-surréaliste. Le féminin entame une forme de retournement face aux puissances des « chiens ». Face à eux, dans des décors cérémonieux, la femme génère via son metteur en scène un grand complot rigolard. L’égérie n’y tourne pas en rond des pensées amères. Elle est le parangon d’un absolu féminin là où Dubord provoque la coagulation de fantômes qui permettent paradoxalement de malaxer l’épaisseur charnelle de l’amour. Le chien n’y est plus qu’un supplément discursif — capable néanmoins de suggérer le passage de l’abîme de l’idéal au paroxysme vital plutôt que bestial.
Si, sous le moindre Pierrot d’amour, se cache un cabot, l’auteur en signifie la dérision. La femme quoique altruiste n’espère rien de lui. Le chien est au mieux une aporie mais non une germination. Il glisse pourtant sans cesse vers le tronc de la belle. Celle-ci rappelle que le mâle n’est rien et que nul Dieu n’en sortira jamais.
La femme à ses côtés n’est plus une Narcisse mélancolique mais la mante délicieuse de gouffres mystérieux. Elle sait sa rencontre avec l’homme impossible, son seuil infranchissable. Elle ne peut compter que sur sa propre présence lascive pour vivre en “épique-urienne” en désignant implicitement aux hommes la bête qui les hante et dans laquelle ils demeurent tapis. Marc Dubord s’en délecte pour notre ravissement.
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jean-paul gavard-perret
Marc Dubord, Autoportrait au chien, Eric Higgins, coll. Leporello, Saint Jean de Mont, 2016.
merci pour ces jolis mots, et l’interprétation prolixe faite sur mon image un vrai plaisir à lire et à ce voir publié chez vous
cordialement marc
http://marcdubord.com/