Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Certains matins je me le demande ! Mais d’autres, c’est magique : une idée qui prend forme, une voix à entendre au téléphone, une rencontre …quelque chose à créer.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
La vie les a dilués : à 10 ans, j’écrivais des « romans » (au stylo sur des feuilles repliées et reliées avec du fil et une aiguille) que je voulais voir publiés. A 13, je posais avec mes cousins pour des photos de rock genre pochettes de 45T (guitares électriques découpées dans du carton) …Mais c’était moi qui faisais les photos sur mon premier appareil photo (instamatic Kodak)… Il reste toujours quelque chose de nos rêves.
A quoi avez-vous renoncé ?
A rien ! Et je vais essayer de continuer…
D’où venez vous ?
Née à Paris. Père basque, mère bretonne : je suis une entêtée. Mais le sud a pris le relais et a tout adouci.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
« Dot », quel drôle de mot pour moi qui déteste la notion de mariage …Si on parle de ce dont j’ai hérité : la possibilité d’être moi-même.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
« Petit » et « plaisir », ça ne va pas ensemble ! Mon grand plaisir : la caresse du premier soleil de printemps, les yeux fermés, et les premières odeurs sucrées.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
Tout et rien.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Image photographique bien sûr ! Plutôt une série d’images : la beauté des corps et des lumières dans les photos de David Hamilton des années 70.
Et votre première lecture ?
Je lisais beaucoup mais les souvenirs sont flous…aventures empruntées à la bibliothèque de la classe en primaire : les séries « Alice » (bibliothèque verte), « Le club des 5» (bibliothèque rose). Première grosse émotion : « Autant en emporte le vent ».
Pourquoi votre attirance vers le portrait ?
Le portrait raconte. Il permet la rencontre. Il a à voir avec l’intime.
Quelle musique écoutez vous ?
Selon l’humeur. Dans l’IPad en ce moment : Christine and The Queen, Asaf Avidan, Hindi Zahra, Belladonna 9ch, Alain Bashung, Agnès Obel, Brigitte Fontaine, Demi Mondaine, Mylène Farmer. Mais aussi Marianne Faithfull, Rolling Stones, Madonna, Léonard Cohen, Véronique Sanson…
Quel est le livre que vous aimez relire ?
Je ne « sais » plus lire vraiment (les images ont mangé mon cerveau : TV, web, réseaux sociaux). Alors relire, n’en parlons pas ! Et puis je passe mon temps à regarder : des journées de 48h et des semaines de 15 jours ne suffiraient pas.
Quel film vous fait pleurer ?
Une histoire d’amour (ou d’animal) qui finit mal…
Quand vous vous regardez dans le miroir qu’y voyez vous ?
Le temps qui court : je dois faire vite.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A personne ! J’ai toujours laissé mes émotions trouver les mots. A 13 ans, envoyé une lettre à Jackie Kennedy pour lui présenter mes condoléances (et je la trouvais si belle). Elle m’a répondu …enfin son service de com. Ne rêvons pas !
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
L’Eldorado. Je ne sais pas où c’est mais ce doit être magnifique.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez les plus proches ?
Les photographes Nan Goldin, Bettina Rheims, Sarah Moon… et j’adore le travail de Vivian Maier découvert récemment.
L’écrivain Virginie Despentes
Qu’aimeriez vous recevoir pour votre anniversaire ?
Un message d’une personne qui était censée m’avoir oubliée.
Que défendez vous ?
Le droit à la différence. Résister pour ne pas entrer dans le moule et en ce moment la lutte est rude !
Que vous inspire la phrase de Lacan : « L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas » ?
Pour moi, aimer c’est définitivement donner de soi… la suite ne m’appartient pas.
Que pensez vous de celle de W.Allen : « La réponse est oui mais quelle était la question ? »
Confiance absolue, manque de concentration, lendemain de cuite ? Rayer la mention inutile.
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Vous aussi : manque de concentration ou lendemain de cuite ? …lol…
Vous ne voulez quand même pas que je fasse votre boulot !!!
Entretien réalisé (un lendemain de cuite ?) par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 31 décembre 2015.