Jacqueline Devreux aime les portraits bougés. Les immobiles aussi. En couleurs ou en noir et blanc. Mais toujours avec une recherche d’un innommable de la beauté. Là où certaines “choses”(…) devraient être “vues”, elles sont brouillées et vice-versa. Même cachés et nocturnes, les corps et les visages s’illuminent. Ils parlent le silence, “imagent” le désir en un geste parfait : celui de la pose, celui de la prise mais aussi d’un inaccomplissement programmé afin de ne pas « mâcher » le travail du regardeur.
L’imaginaire suggère à la fois le réel et le fantasme. Les deux se laissent presque toucher. Presque. Car, lorsqu’on s’en approche, un « râteau » est toujours possible. Mais cela vaut le coup d’essayer. Les couples, plutôt que de se regarder nous interpellent, ce sont des tentateurs. Les aimants veulent qu’on les aime : d’où leurs polarisations centrifuges. Et s’ils se font un crumble a deux (avec rhum et cannelle), c’est pour se faire déguster. Du moins, c’est ce que veut faire croire Jacqueline Devreux en habile traîtresse.
Présences sensuelles, hallucinations palpables font le reste dans leurs tons de suie ou leurs vibrations de couleurs blafardes. Les ombres sont proches, les présences inabordables. Reste la hanche d’une bouche et un appel muet : la femme devient donc la sirène d’un genre particulier. Sa créatrice idem.
jean-paul gavard-perret
Jacqueline Devreux, “Les couples” (exposition collective), Galerie Rauchfeld, Rues de Seine, Paris, 3–26 décembre 2015.