Michel Dunand, Les toits du cœur

Le moine voyageur

Michel Dunand pour­suit ses voyages. Il les évoque avec pudeur et sans la moindre once d’exotisme. Ce sont presque des voyages ini­tia­tiques, sans illu­sions, sans traces. Sinon celles que laissent les escar­gots. Entre ces traces et l’éternité, il y a peu. Les deux sont super­fé­ta­toires. L’une ou l’autre, « on la cueille avec la pous­sière / avec les mouches / au ras du sol ». Belle leçon de conduite de celui qui, moine-voyageur, lance  : « Trouverai-je un jour la joie ? / Je cherche un coin de prière / Un bout de monas­tère où culti­ver mon cœur ». 
L’histoire pour lui est déjà longue : en celle-ci il a tâtonné des impasses mais où « se contor­sionne et gémit une vir­tuelle épo­pée » auquel l’Annécien n’a pas renoncé même si l’essentiel pour lui est accom­pli. Dési­rant tout empor­ter dans son sac de voyages pour rebâ­tir « Le Tibet d’Antan », il a accom­pli l’essentiel puisqu’il affirme : « C’est fait je crois ». Belle leçon de sagesse.

Ardent, le poète a convo­qué Byzance, les îles et bien d’autres repères au bout d’une alchi­mie qui n’est pas celle des songes mais de la poé­sie. Celle de Dunand marche sans Gol­go­tha car il l’écrit sobre­ment. Les paroles semblent (presque) sans adresse sinon à des ali­zés anal­pha­bètes mais qui rentrent en réso­nance avec les neiges et les rochers comme avec des oasis de lueurs où s’abreuvent des rêves archaïques donc premiers.

jean-paul gavard-perret

Michel Dunand,  Les toits du cœur, Jacques André édi­teur, coll. Poé­sie XXI, , 82 p. — 12,00 €.

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