Alessandro Mercuri le Pélican : entretien avec l’auteur et réalisateur (Le dossier Alvin)

Lire notre cri­tique de : Le dos­sier Alvin, de l’auteur

Entre­tien :

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Le réveil du même nom. Mais aussi le sens du devoir accom­pli, celui d’avoir bien dormi et le plai­sir de pou­voir se remé­mo­rer des frag­ments de rêves avant qu’ils n’aient dis­paru.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?

J’allais y venir. Ils sont pas­sés par perte et fra­cas. Je rêvais de pou­voir voler. Je n’y suis jamais arrivé. Ni en vrai natu­rel­le­ment, ni plus jamais en rêve.

A quoi avez-vous renoncé ?

Le Nutella.

D’où venez-vous ?

D’un point de vue cos­mique, comme tout le monde, de l’extrême péri­phé­rie de la voie lac­tée, dans les fau­bourgs de la galaxie ; le sys­tème solaire étant situé en milieu stel­laire sub­ur­bain. D’un point de vue plus pro­saïque, du néant.

Qu’avez-vous reçu en dot?
Le chris­tia­nisme et le poly­théisme grec, boire le sang du Christ et le vin de Dio­ny­sos, ou est-ce l’inverse ?

Qu’avez-vous dû “pla­quer” pour votre tra­vail ?

J’ai pla­qué le fait d’être viré.

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
Me pro­me­ner au hasard dans une ville à l’étranger sur Google Street View, se perdre en che­min et repas­ser en mode satellite.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres artistes ?
Comme sur un pas­se­port : aucun signe dis­tinc­tif. Mais en réponse à la ques­tion, en regar­dant dans le miroir, je viens de remar­quer qu’une cica­trice sur la joue que je croyais dis­pa­rue avait réap­paru. Il s’agit d’une trace de for­ceps.

Quelle fut l’image pre­mière qui esthé­ti­que­ment vous inter­pela ?

Sûre­ment une œuvre de Rubens car enfant j’avais une affec­tion par­ti­cu­lière pour les baby­sit­teuses plan­tu­reuses.

Et votre pre­mière lec­ture ?

« Mais je suis un ours » de Franck Tash­lin. Par contre, j’ai long­temps vécu dans l’ignorance la plus com­plète de Win­nie l’Ourson dont je n’ai décou­vert les aven­tures que très récem­ment. La dimen­sion méta-fictionnelle du récit de Win­nie m’a stupéfié.

Pour­quoi votre atti­rance vers les enquêtes “filées” ?
J’aime construire des récits qui ne tiennent qu’à un fil, mettre en rela­tion des faits qui à pre­mière vue paraissent sans rap­port et où de fil en aiguille une décou­verte en amène une autre. Je ne cache­rai pas mon atti­rance pour le métier de détec­tive. On y tra­vaille de manière quasi illi­cite, dans le secret. On y file aussi.

Quelles musiques écoutez-vous ?
En ce moment Jes­sie Mae Hem­phill et Sonny Boy William­son II.

Quel est le livre que vous aimez relire ?
« Le Manuel de civi­lité pour les petites filles à l’usage des mai­sons d’éducation » de Pierre Louÿs, « L’éloge de rien » de Louis Coquelet.

Quel film vous fait pleu­rer ?
Les mélo­drames des années 50 en tech­ni­co­lor où l’on pleure des larmes de toutes les cou­leurs ou « Les Dents de la mer », à la fin quand l’homme tru­cide le requin.

Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?
C’est au miroir qu’il faut poser la question.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A mon édi­teur afin qu’il m’explique le fonc­tion­ne­ment des mou­ve­ments de stock et droits d’auteur.

Quel (le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
La ville de Foix vue par Luc Moullet.

Quels sont les artistes dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Van Haar­lem, Hogarth, John Cur­rin, Dan Flavin.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Un billet de navette spa­tiale pour un week-end en orbite.

Que défendez-vous ?
Le droit des pla­nètes errantes à s’égarer du droit che­min et à flot­ter sans but dans l’univers.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
C’est une blague juive ?

Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?“

Sa phrase me rap­pelle celle d’un autre grand comique, Georges Mar­chais : « C’était peut-être pas votre ques­tion, oui, mais c’est ma réponse ! »

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
« Pour­quoi voulez-vous donc qu’il m’en souvienne ? »

Entre­tien réa­lisé pour lelitteraire.com par jean-paul gavard-perret, le 28 mai 2015.

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