Lire notre critique de : Le dossier Alvin, de l’auteur
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Le réveil du même nom. Mais aussi le sens du devoir accompli, celui d’avoir bien dormi et le plaisir de pouvoir se remémorer des fragments de rêves avant qu’ils n’aient disparu.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
J’allais y venir. Ils sont passés par perte et fracas. Je rêvais de pouvoir voler. Je n’y suis jamais arrivé. Ni en vrai naturellement, ni plus jamais en rêve.
A quoi avez-vous renoncé ?
Le Nutella.
D’où venez-vous ?
D’un point de vue cosmique, comme tout le monde, de l’extrême périphérie de la voie lactée, dans les faubourgs de la galaxie ; le système solaire étant situé en milieu stellaire suburbain. D’un point de vue plus prosaïque, du néant.
Qu’avez-vous reçu en dot?
Le christianisme et le polythéisme grec, boire le sang du Christ et le vin de Dionysos, ou est-ce l’inverse ?
Qu’avez-vous dû “plaquer” pour votre travail ?
J’ai plaqué le fait d’être viré.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Me promener au hasard dans une ville à l’étranger sur Google Street View, se perdre en chemin et repasser en mode satellite.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
Comme sur un passeport : aucun signe distinctif. Mais en réponse à la question, en regardant dans le miroir, je viens de remarquer qu’une cicatrice sur la joue que je croyais disparue avait réapparu. Il s’agit d’une trace de forceps.
Quelle fut l’image première qui esthétiquement vous interpela ?
Sûrement une œuvre de Rubens car enfant j’avais une affection particulière pour les babysitteuses plantureuses.
Et votre première lecture ?
« Mais je suis un ours » de Franck Tashlin. Par contre, j’ai longtemps vécu dans l’ignorance la plus complète de Winnie l’Ourson dont je n’ai découvert les aventures que très récemment. La dimension méta-fictionnelle du récit de Winnie m’a stupéfié.
Pourquoi votre attirance vers les enquêtes “filées” ?
J’aime construire des récits qui ne tiennent qu’à un fil, mettre en relation des faits qui à première vue paraissent sans rapport et où de fil en aiguille une découverte en amène une autre. Je ne cacherai pas mon attirance pour le métier de détective. On y travaille de manière quasi illicite, dans le secret. On y file aussi.
Quelles musiques écoutez-vous ?
En ce moment Jessie Mae Hemphill et Sonny Boy Williamson II.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
« Le Manuel de civilité pour les petites filles à l’usage des maisons d’éducation » de Pierre Louÿs, « L’éloge de rien » de Louis Coquelet.
Quel film vous fait pleurer ?
Les mélodrames des années 50 en technicolor où l’on pleure des larmes de toutes les couleurs ou « Les Dents de la mer », à la fin quand l’homme trucide le requin.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
C’est au miroir qu’il faut poser la question.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A mon éditeur afin qu’il m’explique le fonctionnement des mouvements de stock et droits d’auteur.
Quel (le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
La ville de Foix vue par Luc Moullet.
Quels sont les artistes dont vous vous sentez le plus proche ?
Van Haarlem, Hogarth, John Currin, Dan Flavin.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Un billet de navette spatiale pour un week-end en orbite.
Que défendez-vous ?
Le droit des planètes errantes à s’égarer du droit chemin et à flotter sans but dans l’univers.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
C’est une blague juive ?
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
Sa phrase me rappelle celle d’un autre grand comique, Georges Marchais : « C’était peut-être pas votre question, oui, mais c’est ma réponse ! »
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
« Pourquoi voulez-vous donc qu’il m’en souvienne ? »
Entretien réalisé pour lelitteraire.com par jean-paul gavard-perret, le 28 mai 2015.