L’Histoire splendide est le titre d’un projet de livre abandonné d’Arthur Rimbaud. (écrit en anglais) qui serait devenu « la véritable Histoire, littéralement et dans tous les sens ». Et Guillaume Basquin a rebondi dessus pour raconter « de façon la plus polyphonique possible les dessous réels de l’Histoire, sur plus de quarante siècles, jusqu’à l’accident global des communications instantanées que fut la crise du coronavirus ». Mais ce texte est le récit d’un narrateur particulier qui refuse à tout prix la Terreur sanitaire née de la crise du Covid-19 transformée en Terreur politique tout court.
Pour se lancer dans un tel projet (annonciateur de son prochain Tweet n°1 (2025 chez Tinbad), Guillaume Basquin ne méconnaît pas sa propre nature : celle d’une double vision — intuitive ou idéale. Mais il ne se fait pas d’idée là-dessus. Le « Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaie encore. Échoue encore. Échoue mieux. » Dans Cap au pire de Samuel Beckett, l’auteur considère que tout potentiel échec (cf. Rimbaud par exemple) relève d’un acte manqué dont le refoulement revient — manière de s’interroger sur ses aspirations essentielles qui le rendent singuliers.
Basquin défend ses positions insoutenables en refusant de suivre la bonne porte pour lutiner avec des enfers face aux temps qui sont roulés entre farine et sang — la tragédie du Covid-19 comprise — afin de comprendre comment reconnaître la Terreur comme intrinsèque à sa nature. Surgit du nihilisme porté par la figure actuelle d’un pape sacrifiant le Salut à la santé selon l’auteur puisque la violence de ses écrits sous forme d’affreux système se présente comme babil dangereux dans le but d’étendre au-delà de leur vie, la somme des crimes.
Un tel livre sous forme d’essai de fiction signe une résistance absolue, quitte à effrayer ou rebuter certains lecteurs là où le questionnement et la force de l’écriture se conjuguent pour entrer par le détour de la littérature au cœur d’une vie. Ce livre, paradoxe des paradoxes, est la recherche d’un « total déséquilibre » sur lequel Basquin a raboté aspérités et scories.
jean-paul gavard-perret
Guillaume Basquin, L’Histoire splendide, 2023 , 342 p. — 23,00 €.