Ce livre est une superbe surprise poétique. Les plantes — dont la rose ici n’est pas de personne — « fleurira publiquement, sous nos regards, à la merci de tous. » . Et ce, même si ses « épines témoigneront d’un passé plus sombre encore. ». Bref, elles nous parlent, se racontent qui elles sont et l’auteure accepte « les usages que nous en faisons, ou ce que la science nous enseigne sur elles ».
Silvia Majerska leur tend l’oreille pour laisser émerger sa botanique intérieure en douze portraits de végétaux là où des vies fictives se soumettent l’imagination « à l’épreuve de l’observation pour mieux stimuler l’une par l’autre. »
Leurs présences deviennent l’état d’être de l’auteure en des contours d’envol. Par leurs têtes découvertes, tout coucher de soleil est sans mélancolie. Leurs sens glissent sur le « terrain planté de guérillas vertes ». Elles restent l’éclat des sources et deviennent des poèmes, immédiatement et pour toujours.
Comme la poète, il s’agit d’ouvrir les yeux pour perdre la tête ou la retrouver. Personne ne sait ce que le soleil leur demandera en retour “même si l’aube laisse à penser que le prix sera élevé”. Leur connaissance d’aujourd’hui est présence absolue et l’absorption totale d’hier.
jean-paul gavard-perret
Silvia Majerska, Blancs-seings, Gallimard, collection Blanche, 2024, 72 p. — 12,90 €.