Chaque inséparable vit chacun dans ses rues, ses rivages jusque dans son appartement. Mais grâce à WhatsApp, c’est se revoir sans vivre près l’un de l’autre. En un tel rivage, leur bateau ne prend pas l’eau.
La distance n’a rien d’une amère liaison. L’aimée réapparaît trop belle chaque jour loin de ses chagrins et soucis. Quant aux nuits, elles s’illuminent d’étreintes numériques, effleurent la solitude, la consolent. Dès le matin, les heures se vivent en pensant déjà à ces appels.
Sur l’écran de longs cheveux noirs s’agitent, une présence magnétique s’impose. Éros se tatoue de mots d’amour dans les rencontres cellulaires. Les langues dans la permanence de l’instant pénètrent les souvenirs. Mais les amants embrassent aussi le présent de leurs désirs à tous les temps. Des ondes pâles, les sens glissent paisibles comme des anges.
jean-paul gavard-perret
photo: Aldo Fallai