Sookie Sirene écorchée vive – entretien (français et anglais avec l’artiste (Autoportraits)

Sookie Sirene montre par­fois qu’un vide est à sa place. Si bien que l’amour semble aux abon­nés absents où en par­ti­cu­lier (hélas ?) les hommes brillent. Les femmes à l’inverse — et la pho­to­graphe de prime abord — s’engagent à l’affect même si dans sa vie de femme, l’artiste a vécu de nom­breuses dou­leurs aux­quelles elle n’a jamais voulu s’habituer.
Néan­moins, les images parlent par­fois pour elle et de diverses faces. Mais pour autant, une telle belle femme donne le plus sin­cère aveu : la sexua­lité débri­dée ou l’abstinence, l’amour à la chair débor­dante ou déser­tée de vibra­tions sis­miques, l’adversité féroce de cer­tains hommes et la jalou­sie ou la para­noïa de quelques femmes. Une telle œuvre est ris­quée mais Soo­kie Sirene existe telle quelle : une va-nu-pieds, au regard entier, à la peau claire et chaude. Et selon un hymen avec sa propre iden­tité, la voici femme poète qui apporte d’une part des pas­sions et de l’autres des ingratitudes.

Voir son face­book et son Insta­gram #art #self­por­trait #expres­si­vart #fuck­the­world #through­the­lens #facial #day­ti­me­photo #black #contrast #colour­ful #ligh­tand­sha­dow #lights #remix #gra­phic #move­ment #naked­girls­wi­th­tatts #dayof­fe­ve­ry­day #fairs­kin #nor­dic­noir #dark­pho­to­gra­phy #femi­nine #femi­ni­ne­soul #abs­trac­tart #sookiesirene

 

Entre­tien :

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Je me lève le matin pour faire par­tie du monde. Et parce que je sais que si je me laisse aller à ma dépres­sion (par­fois), je me noie­rai et n’atteindrai plus jamais la sur­face. Je me bats tous les matins pour me lever, pour être en vie.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfants ?
Quand j’étais à la mater­nelle, l’enseignant nous deman­dait ce que nous vou­lions faire quand nous serions grands. Les enfants autour de moi ont répon­dirent : pom­pier, poli­cier, chauf­feur de camion et ensei­gnant. Quand ce fut mon tour, j’ai dit au pro­fes­seur et à tout le monde que je vou­lais être Munch. Les enfants rirent et dirent  : vous devez par­ler de «nonne » ! J’ai répondu que non, je vou­lais être Edvard Munch.

A quoi avez-vous renoncé ?
J’ai donné ma vie. À contrecœur.

D’où venez-vous ?
Je viens de Nor­vège et d’Allemagne. Ma grand-mère était la com­tesse de Muns­ter. Elle a grandi au châ­teau de Moritz­burgh à Dresde. J’ai du sang bleu qui coule dans mes veines. Le pou­voir hérité m’a sauvé la vie à de nom­breuses reprises.

Quelle est la pre­mière image qui vous inter­pella ?
La pre­mière image dont je me sou­viens est plu­sieurs œuvres d’Edvard Munch. Ma mère m’a pré­senté à lui avant de dis­pa­raître dans sa mala­die psychique.

Et le pre­mier livre ?
Le pre­mier livre qui m’a avalé vivant était le livre d’Hermann Hesse, Nar­cisse et Gold­mund.

Pour­quoi votre œuvre est-elle créée par vos sel­fies ?
J’utilise des sel­fies et moi-même dans mes images car qui suis-je pour par­ler des autres ? Com­ment puis-je être si pré­somp­tueuse pour par­ler et même mon­trer aux autres les sen­ti­ments et les vies pleines d’âme ? Je ne peux par­ler que de cer­ti­tude sur moi-même et sur ce qui se trouve en moi. Je ne vois pas mes pho­tos comme « sexuelles » car j’ai été endom­ma­gée par les hommes et par la vie elle-même. Je les vois comme hon­nêtes. La véri­table expres­sion hon­nête est celle de la chair décou­verte. À l’état nu, vous êtes ce que vous êtes et ne pou­vez pas vous cacher der­rière des masques de style ou d’expression. Vous êtes la vérité. Dans la beauté et dans la décadence.

Où travaillez-vous ?
Je tra­vaille là où je suis parce que je tra­vaille avec moi-même.

A qui osez-vous de ne pas écrire ?
J’écris à tous. J’écris beau­coup, j’ai écrit plu­sieurs poèmes et paroles. Je n’ose pas écrire à mes assassins.

Quelles musiques écoutez-vous ?
J’écoute toutes les musiques. Du rock/metal le plus dur à la musique clas­sique déli­cate. J’aime la musique tzi­gane espa­gnole, le fla­menco. J’adore Bob Dylan et la nou­velle deep house. Je savoure toute grande musique et j’y trouve ma paix et mon exu­toire. La musique me sauve.

Quel est le livre que vous aimez relire ?
Je ne relis plus jamais de livres, j’ai un appé­tit beau­coup trop grand pour les nou­velles histoires.

Quand vous vous regar­dez dans un miroir, qui voyez-vous ?
Quand je me regarde dans le miroir, je vois de la lai­deur. C’est pour­quoi j’essaie tou­jours de me trans­for­mer en quelque chose qui compte. Ce n’est pas aussi grave main­te­nant que je suis plus âgée. J’en suis reconnaissante.

Quelle ville ou quel lieu a valeur de mythe pour vous ?
Ce doit être Mos­tar en Bosnie-Herzégovine. Ce doit être Stari-grad en Croatie.

Quels sont les artistes dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Les artistes dont je me sens proche sont Frida Kahlo, Edvard Munch et Fran­cesca Woodman.

Quel film vous fait pleu­rer ?
Hahaha, des films qui me font pleu­rer… Je pleure devant presque tous les films. Dans les pre­mières années, j’étais si sen­sible aux impres­sions (lumière, son et émo­tions) que je ne pou­vais pas aller au cinéma. Main­te­nant, je ne peux pro­fi­ter d’un film sur grand écran qu’avec un casque sur la tête, cou­vrant mes oreilles.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
J’aimerais du soleil et du temps chaud pour mon anni­ver­saire. (07.01.77)

Quelle ques­tion ai-je oubliée de vous poser ?
J’utilise mes auto­por­traits presque comme un jour­nal intime. Seuls cer­tains sont mis en scène, tra­vaillés et remixés. Seule­ment ceux que je consi­dère comme mes œuvres d’art. J’aime aussi les paysages.

Pré­sen­ta­tion, entre­tien et et tra­duc­tion réa­li­sés par jean-paul gavard-perret, pour lelitteraire.com, le 24 juin 2024.

—————–

What makes you get up on mor­ning ?
I get up in the mor­ning to be part of the world. And because I know that if I indulge my (at times) depres­sion, I will drown and never reach the sur­face again. I fight every mor­ning to rise, to be alive.

What hap­pe­ned to your dreams as child ?
When I was in kin­der­gar­den the tea­cher ask us kids what we want to be when we grow up. The kids around me ans­we­red fire­man, police, tru­ck­dri­ver and tea­cher. When it was my turn, I told the tea­cher and eve­ryone that I wan­ted to be Munch. The chil­dren lau­ghed and said; you must be tal­king about “nun”! I replied that No, I wan­ted to be Edvard Munch.

What did you give up ?
I gave up my life. Unwillingly.

Where do you come from ?
I come from Nor­way and Ger­many. My grand­mo­ther was the coun­tess of Muns­ter. She grew up in Moritz­burgh castle in Dres­den. I have blue blood run­ning through my veins. The power inhe­ri­ted has saved my life on nume­rous occasions.

What first image di you remem­ber  ?
The first image I remem­ber is seve­ral of Edvard Munchs works. My mother intro­du­ced me to him before dis­sap­pea­ring into her psy­chic disease.

What is your first book ?
The first book that swal­lo­wed me alive was Her­mann Hesses book Nar­cis­sus and Gold­mund.

Why do you use your sel­fies about your work ?
I use sel­fies and myself in my images because Who am I to speak of others? How can I be so pre­sump­tuous to speak and even show off on others fee­lings and soul­ful lives? I can only speak of cer­tainty about myself and what lies within me. I don’t see my pic­tures as “sexual” since I was dama­ged by men and by life itself. I see them as honest. The true honest expres­sion is of the unco­ve­red flesh. In the naked state you are what you are and can­not hide behind masks of style or expres­sion. You are truth. In beauty and in decay.

Where do you work and how ?
I work where I am because I work with self.

To whom do you never dare write ?
I write to all. I write a lot, I have writ­ten seve­ral poems and lyrics. I dare not write to my killers.

What music do you lis­ten ?
I lis­ten to all music. From the har­dest rock/metal to the deli­cate clas­si­cal music. I love Spa­nish gypsy music, fla­menco. I love Bob Dylan and the new deep house. I relish in all great music and find my peace and my out­let there. Music saves me.

What is the book you love read again ?
I never read books again, I have a much too big of an appe­tite for new stories.

When you look your­self in a mir­ror who do you see ?
When I look myself in the mir­ror, I see ugli­ness. Thats why I always try to trans­form myself into some­thing that mat­ters. It’s not as bad now that I’m older. I’m gra­te­ful for that.

What city or place has value of myth for you ?
Must be Mos­tar in Bos­nia Her­ze­go­vina. Must be Stari-grad in Croatia.

What are the artists you feel clo­sest ?
The artists I feel close to is Frida Kahlo, Edvard Munch and Fran­cesca Woodman.

What film make you cry ?
Hahaha, films that make me cry… I cry of almost all films. I was in ear­lier years so sen­si­tive to impres­sions, (light, sound and emo­tions) that I could not go to the cinema. Now I can enjoy a film on the big screen only with a head­set on my head, cove­ring my ears.

What would you like to receive for your bir­th­day ?
I would like sun­shine and warm wea­ther for my bir­th­day. (07.01.77)

What ques­tion I mis­sed ?
I use my self-portraits almost like a diary. Only some are sta­ged, wor­ked on and remixed. Only those that I consi­der to be my works of Art. I also enjoy landscapes.

Leave a Comment

Filed under Arts croisés / L'Oeil du litteraire.com, Chapeau bas, Entretiens, Erotisme

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>