Emily. Dickinson, Du côté des mortels — Poèmes 1860–1861

Je et l’autre

Dans les poèmes d’Emily Dickin­son quelque chose d’inconnu nous attend. On n’y entre pas pour voir avec ses yeux, mais pour écou­ter le noir, voir par les oreilles, savoir à nou­veau les ques­tions des enfants dont la poé­tesse s’empare.
C’est un enclos comme jeté en scène par elle-même. Elle force à l’arrachement à soi, tou­jours comme une étran­gère, une exi­lée et comme tom­bée de son vrai lieu. Elle écrit pra­ti­que­ment sur­prise de s’entendre mais nous per­met de revivre son entrée en elle, dans son corps incompréhensible.

Dans ses poèmes, Dickin­son res­pire par un autre qui mieux qu’elle mord aux paroles vivantes. Mais elle ne porte pas ses paroles :  elles des­cendent d’elle pour venir dans son corps quitte à tom­ber en écar­te­ment, se divi­ser et se jeter aux points car­di­naux…
Mais la langue vient sur elle et souffle là où les poèmes dénouent un drame men­tal, le délient mais comme si le drame était le vrai lieu de la pensée.

jean-paul pavard-perret

Emily. Dickin­son, Du côté des mor­tels — Poèmes 1860-186, tra­duc­tion Fran­çois Heus­bourg, post­face Claude Ber, Édi­tions Unes, 2023, 152 p. — 21,00 €.

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