Lousnak est née à Beyrouth. Alors qu’elle a onze ans, elle fuit avec sa famille la guerre qui sévit au Liban, pour Londres, puis Paris avant d’élire domicile à Montréal en 1982 et finalement dans les Laurentides depuis plus de 15 ans. “J’avais 7–8 ans quand les premières bombes sont tombées à Beyrouth (1975) et sur notre immeuble, le chaos de la fuite est toujours resté très frais dans ma mémoire,” écrit-elle. Elle a puisé dans ses émotions pour sa vidéo et de son installation “Drapeaux blancs”.
Militante de souvenir, Lousnak a choisi la mémoire comme engagement humanitaire et politique, d’abord dès la fin des années 90. Pour elle, « Toute guerre est, en fin de compte, une guerre contre les enfants » et cette exposition devient un appel à la paix. L’enfant en est donc l’ultime pavillon blanc. Il est symbole d’innocence et de pureté comme dernier étendard de la paix. Il reste l’espoir et l’essence de l’avenir pour préserver un monde meilleur, dépourvu des horreurs de la violence et de la guerre.
En tant qu’Arménienne, Lousnak qui a grandi sous ce nuage noir qu’était le génocide des Arméniens ne peut pas rester silencieuse pour lutter contre toutes les guerres, les génocides, les massacres. Et une nouvelle fois, une telle activité est brûlante (Gaza en filigrane).
Elle nous renvoie ainsi au plus profond de nous-mêmes. Il faut cependant des mises en conditions à ce travail de l’art. En ce sens, certains découvriront un recueillement intimiste : ils voudront — dans niches, sol ou vidéo, par une intensité des formes et des couleurs — scruter avec une certaine horreur els diversifications des a priori du visible guerrier.
jean-paul gavard-perret
Lousnak, Drapeaux blancs, La galerie du MAI (Montréal arts interculturels) à partir du 20 avril 2024.