La Milanaise Sofia Masini ne se contente pas de se représenter elle-même de manière narcissique. Ses prises suscitent une représentation étrange à la fois pour mieux se connaître, sortir de soi et concentrer ses troubles et ses perplexités par rapport à sa psyché et son corps.
Ici, l’artiste crée une série dans laquelle cette représentation s’exprime à travers une approche surréaliste. Son corps nu, au visage toujours caché, est ainsi devenu le protagoniste . Et les sentiments exprimés sont ceux de l’abandon, de la perte, de la force, de la faiblesse, de la liberté et de la solitude — thèmes qui font partie des vies.
Dans le travail de Sofia Masini, la révélation du corps et du paysage devient une danse, un va-et-vient entre la photographie et la sculpture et la performance. L’artiste s’engage dans ce qui se passe avant les retrouvailles complètes — elle met en évidence l’effacement, le conflit et la difficulté du processus, la recherche d’une unité qui est en vue, mais qui n’a pas encore lieu.
Son corps danse avec les objets (cartons etc.), entre la soif de la désolation et la force indomptable et sauvage mais maîtrisée. La créatrice reconstruit au fur et à mesure que le processus de transformation est en cours. C’est à la fois un commencement sans fin, l’activation d’une nouvelle archive, une recherche d’équilibres différents, la révélation de ses traces.
jean-paul gavard-perret
Sofia Masini, The body is a revelation as is landscape, Witty Books, Milan, 2023, 96 p.