Celui qui n’ose pas écrire à Florence Cassez : entretien avec Bosco Sodi, le plus grand peintre contemporain mexicain

 

Bosco Sodi est célé­bré dans le monde entier pour ses tableaux grands for­mats mono­chromes. Cou­leurs et matières res­tent la base des inter­ro­ga­tions que pose l’artiste à la pein­ture. Né en 1970 à New-York et ins­tallé à New-York, son inter­view per­met de com­prendre en quelques mots son tra­vail. Ajou­tons qu’il crée lui-même sa palette à par­tir de pig­ments natu­rels — sciure et pulpe de bois, fibre, eau et liant — afin d’obtenir des cou­leurs vio­lentes, satu­rées et épaisses. Par ce pro­ces­sus, il obtient rapi­de­ment au séchage de mul­tiples cra­que­lures et fis­sures qui lacèrent la couche pic­tu­rale. Ces effets de béance ban­nis nor­ma­le­ment de la pein­ture sont recher­chés par l’artiste. Celui qui ne se sou­met jamais aux règles admises laisse place à l’accident et au for­tuit afin que la pein­ture « parle » sou­dain autre­ment. Pei­gnant dans ses stu­dios de New-York, de Ber­lin ou à Madrid ou Bar­ce­lone, les résul­tats dif­fèrent en fonc­tion du cli­mat et des types de matières uti­li­sées. Si un tel tra­vail est lié à des  pro­blèmes tech­niques, l’artiste n’exclut pas — bien au contraire — une réflexion éthique et exis­ten­tielle. Elle a pour Bosco Sodi par­tie liée avec l’aventure esthétique.

Expo­si­tions per­son­nelles 2013 de Bosco Sodi en 2013 : Ivam Musuem, Valence (Espagne), Pace Gal­lery, Londres, Eigen + Art Gal­lery, Berlin

Entre­tien :

Qu’est-ce qui vous fait lever la matin ?

Pour moi la vie est un voyage formé de petits. Ce sont ces petits voyages qui me font lever chaque matin !

Que sont deve­nus vos rêves d’enfants ?

A la fin quelques uns étaient juste des rêves et les autres sont deve­nus des réa­li­tés. Je suis quelqu’un de chan­ceux car j’ai pu accom­plir cer­tains de mes rêves d’enfance. Il a fallu beau­coup de tra­vail pour que ces rêves deviennent réa­li­tés mais c’est cer­tai­ne­ment le cas pour tout le monde !

A quoi avez-vous renoncé ?

Peut-être que mon plus grand sacri­fice fut le temps passé avec mes amis et ma famille. Néan­moins je récu­père len­te­ment un peu de ce temps et me rap­proche à la décou­verte d’un cer­tain équi­libre dans la vie!

D’où venez-vous ?
Je suis né à Mexico City et je viens d’une famille de la classe moyenne. Ma mère était phi­lo­sophe et mon père ingé­nieur chi­miste, les deux étaient très proches de la culture et des arts. Quand j’étais jeune j’ai passé beau­coup de temps dans les musées, les salles de concerts, les théâtre et dans dif­fé­rents types d’évènements culturels.

Quelle est la pre­mière image dont vous vous sou­ve­nez ?
Une scène dans le salon fami­lial. Mes parents lisaient et écou­taient de la musique et ma sœur jouait sur le sol.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres artistes ?
Comme je le disais l’art est pour moi un voyage. Cela concerne les recherches et l’apprentissage, pas le résul­tat final. Cela concerne le pro­ces­sus. Dans mon tra­vail je recherche l’accident pour atteindre un point de non– contrôle et pour que le résul­tat soit spé­cial et impos­sible à repro­duire et répéter.

Où travaillez-vous et com­ment ?
Mon stu­dio prin­ci­pal est à New-York. J’ai un local à Red Hook, Brook­lyn dans un bâti­ment qui longe le port de New-York. J’avance dans mon tra­vail de manière très infor­melle et intui­tive. Il est impor­tant que je ne me laisse pas entraî­ner par l’apport de quelques notions pré­con­çues dans mon stu­dio. Je m’approche de la toile et je m’amuse !

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A Flo­rence Cassez .

Quelle musique écoutez-vous en tra­vaillant ?
Bee­tho­ven, opé­ras, jazz, The Blue Nile, Dave Mat­thews Band, and Zoe. Vrai­ment, un très large mélange de musique me trans­porte et m’inspire

Quel livre aimez-vous relire ?
Deux livres : « Renoir mon père » de Jean Renoir et « L’automne du Patriarche » de G. Gar­cia Mar­quez.

Lorsque vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?

Quelqu’un qui est un ami à ses amis et quelqu’un qui res­pecte tous les autres humains.

Quel lieu a valeur de mythe pour vous ?
Puerto Escon­dido dans l’Oaxaca au Mexique. C’est là où je recharge mon éner­gie créa­trice. Je me décon­necte du monde exté­rieur et je me contente de pas­ser du temps avec ma famille et mes amis.

De quels artistes vous sentez-vous le plus proche ?
Antoni Tapies, Jean Dubuf­fet, Fran­cisco Toledo, Richard Serra, Joan Miro et Mark Rothko — pour en nom­mer juste quelques uns.

Quel film vous fait pleu­rer ?
” Kra­mer contre Kramer “.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Un bon livre et un bon repas avec un grand vin à par­ta­ger avec ma famille et mes amis !

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas” ?
Pour moi cela signi­fie qu’à la fin, la vie est un com­bat et que la vie est nous donne beau­coup plus que ce que nous sommes capable de recevoir !

Enfin que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?”
Cette atti­tude est tout dans la vie. On doit être pré­dis­posé à résoudre des pro­blèmes ou des dif­fi­cul­tés pour avoir un bon voyage !

Pré­sen­ta­tion, entre­tien réa­lisé et tra­duit de l’anglais par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 23 aout 2013.

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