Coulisses du temps vécu ou fantasmé
Après des études littéraires puis à l’école du Théâtre National de Strasbourg et après avoir travaillé en tant que comédienne et metteuse en scène, Gaëlle Fernandez Bravo est devenue interprète et traductrice.
Depuis 2012, elle a commencé la création d’une oeuvre poétique dont La pampa secondaire devient la première et brillante étape.
Né d’une histoire vraie, ce texte la métamorphose en une rêverie intimiste et une réinterprétation à partir de lettres découvertes dans une maison abandonnée du Cotentin.
Celles de la grand-mère d’une de ses amies et de la jeune soeur de la première qui se suicida en se jetant dans le puits du lieu.
A partir de là, la poétesse tente de “recoudre son cerveau à la hache”, de “marcher et fouler des mouchoirs” et de retrouver bien des fantômes.
Là où une de ces femmes apprenait “à son âne un poème”, l’auteure fait de celui-là une manière de remplir notre âme et notre imaginaire.
La pampa en question n’a rien d’exotique, elle se touille à la crème normande mais sans lourdeur ou écoeurement.
La lande est grande sous ses rideaux de moire et l’auteure soudain “habille sa poésie comme la robe de mariée d’une soeur morte” dans un construction intellectuelle qui mêle différent “morceaux” de temps et de lieux.
Se retrouve là des fragments antérieurs de la vie de la créatrice. Elle retourne dans diverses coulisses du temps vécu ou fantasmé.
Tout serpente en schémas subtils où l’esprit et l’émotion se conjuguent selon une sorte d’ordalie.
A la reine de jadis fait place une autre qui espère être mieux aimée.
jean-paul gavard-perret
Gaëlle Fernandez Bravo, La pampa secondaire, Les éditions Sans Escale, 2020, 80 p. - 13,00 €.