Savoir ouvrir
Avec des trésors d’ingéniosité, Barbara Polla et Elena Esen ouvrent une première phase de déconfinement. Exit le sommeil de l’art : celui-ci refait front et dresse le pont entre ce qui s’est passé, se passe et ce qu’il faut remettre en marche dans un temps de transition.
Pour cela, afin de casser la peur et l’angoisse et laisser la porte entrouverte à l’espoir, les galeristes ne laissent pas pour autant se perdre une crise qui ramène à d’autres enfermements que la Galerie a déjà présenté. D’où la présence de Jhafis Quintero et ce qu’il montre de la prison et ses fermentations et celle de Céline Cadaureille et sa “maison Boulet”.
A l’inverse — quoiqu’en restant dans la faille de la crise -, les galeristes ciblent aussi les forces de vie. Et l’érotisme fait bonne figure (euphémisme). Rachel Labastie, Maïa Mazaurette, Mimiko Türkkan, Guillaume Varone cultivent certains types de croissance et dépenses…
L’exposition reste donc toujours sur le fil et met en scène des situations qui rappellent le plaisir qui tue (mais d’une petite mort) et la douleur qui fait vivre.
Pour une fois, nous ne sommes plus bassinés avec la résilience. C’est reposant. Les galeristes réinventent des corps à corps, recréent la narration multiple et nue de l’existence voire sa poesis.
La fascination tient d’un tragique certain mais aussi de drôlerie faussement dérisoire dans un choc inédit de l’histoire.
C’est pourquoi les artiste retenus soulignent bien des équivoques en diverses transgressions que résume l’un des artiste présenté : Robert Montgomery. Touché par le Covid 19 (dont il a guéri) pendant sa maladie par sa fenêtre, fiévreux, il voyait de sa fenêtre des arbres.
Il écrit alors et peint : “WHEN WE ARE GONE THE TREES WILL RIOT”.
jean-paul gavard-perret
Group Show, Entrouvert, Analix Forever, Genève, du 15 mai au 25 juin 2020.
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