L’ouvrage fondateur des études melvilliennes, en version augmentée
Voici le seul et unique ouvrage sur Melville à en être déjà à sa troisième édition (augmentée) et notons que les Éditions du Revif ne l’ont jamais réédité de façon opportuniste, à l’occasion d’une rétrospective à la Cinémathèque, d’un film de Melville au programme de l’agrégation, ou du centenaire du cinéaste. C’est dire si cette monographie se défend bien par ses qualités propres, ce qui est loin d’être le cas de certaines autres publications sur Melville, que nous avons recensées par le passé.
Quels sont les principaux avantages du livre de Bantcheva ? Pour commencer (dans la première partie), une analyse ponctuelle pertinente et fine de chacun des films du maître. Ensuite, une vision d’ensemble originale et approfondie de sa thématique comme de son style. Et en outre, des témoignages dont plusieurs restent sans équivalent, et dont l’ensemble vaut une biographie.
Parmi les plus remarquables, celui – très long et très beau – de Florence Welsch, la veuve de Melville, qui n’a jamais livré de confidences ailleurs, et celui de François Périer qui fait un portait du cinéaste merveilleusement éclairant.
La troisième édition comprend aussi un entretien avec Jean-François Delon, le dernier assistant de Melville, où l’on trouve, parmi d’autres, deux anecdotes des plus savoureuses, l’une émouvante et l’autre, fort cocasse.
La troisième édition de l’ouvrage comporte aussi de nombreux ajouts dans le corps du texte et deux chapitres inédits. L’un concerne la notoriété et l’influence de Melville. Explicitement « non-exhaustif », il est pourtant riche en références à un point qui a de quoi vous abasourdir. Il en ressort l’impression que Melville est le champion absolu en matière de postérité, de toute l’histoire du cinéma français.
L’autre chapitre inédit est une étude des différences entre le scénario du Samouraï et le film tel qu’on le connaît, étude basée sur un tapuscrit faisant partie d’une collection particulière. Cette analyse est d’autant plus précieuse que le scénario du film le plus célèbre de Melville n’a jamais été publié – on se demande pourquoi, et l’on aimerait que ce manque soit comblé dans les années à venir.
Par ailleurs, comme le notait un confrère (Olivier Curchod), il y a quelques années, cette monographie est l’ouvrage fondateur des études melvilliennes – non seulement en France, mais dans le monde entier. Souvent pillée, toujours pas égalée.
agathe de lastyns
Denitza Bantcheva, Jean-Pierre Melville : de l’œuvre à l’homme, éditions du Revif, juin 2019, 328 p. – 20,00 €.
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