Anne Houdy, via l’exergue d’Henri Michaux, annonce d’emblée la couleur : “Faute de soleil sache mûrir dans la glace”. Dès lors, trois voix (l’homme, la jeune femme et le poète) se croisent dans une traversée entre le dehors et le dedans, le froid et la chaleur, la fable et son théâtre. Tout démarre d’un temps d’avant, même celui d’avant le A de l’aleph.
Histoire de nous égarer dans les pas de pas perdus avant de retrouver la trace du poème oublié dans une fosse commune dont il s’agit de renaître en Lazare d’un nouveau genre. Commence alors une longue traversée entre autres d’une belle captive “qui s’habille en coulisse”.
Le jeu du réel et de la fiction, de l’amour et du hasard peut donc commencer. En dépit des frimas. Et pour un retour dans le temps. Et surtout, celui de la fable. Elle sort du théâtre en se revêtant de mots faits à l’origine sans doute pour d’autres usages. Un tel projet est innovant, à la fois cassant et doux. Rien n’étouffe sous la bure d’un déjà vu ou d’une fourrure hivernale.
Le livre retrace une « scénographie » temporelle et causale de divers corps-à-corps “givrés” sobrement mis en scène.
Images et indications lapidaires recréent les moments sous forme de pages-séquences (comme il existe des plans-séquences). Les chemins s’écartent, se rejoignent. Chaque moment crée une immersion d’un genre inédit. Passionnée par les expérimentations transversales, Anne Houdy crée une pièce pleine de subtilités aux fibres clandestines et aux calligraphies de tentations.
Des étamines s’égarent dans l’équinoxe d’hiver et certains nacres au sein d’une dramaturgie visuelle en “repons”.
Le tout dans une superbe unité offerte par un texte sobre et habile où il s’agit de sortir bien de rets et du roman d’un renard.
jean-paul gavard-perret
Anne Houdy, Fable pour l’hiver, Editions Tituli, Paris, 2019.
Merci pour cette très beau retour.
Comme vous l’écrivez si bien avant le A de l’ alepH
pourriez-vous juste rajouter le H à mon nom de famille, tellement important pour moi, afin que je puisse partager cette belle page…
merci encore
Anne Houdy
bonjour madame,
c’est chose faite avec toutes nos excuses pour avoir estropié votre patronyme.
bon week-end à vous
la rédaction du Litteraire.com