Jean d’Ormessson, de Rome à Byzance jusqu’à New-York, des temps primitifs à nos jours, entre les auteurs grecs et latins, Chateaubriand et Madame du Deffand (mais ils sont loin d’être les seuls), demande à ne pas être jugé trop directement sur ce roman et la philosophie de l’histoire via l’anecdote qu’il développe. Il a peut-être tort.
Peut-être seulement. Tentant de faire une autobiographie de l’histoire, le vagabond disparaît. Il était plus émouvant lorsqu’il parlait de lui-même. Ici, Hegel prend trop de place et revient à un humanisme plan-plan mais néanmoins virtuose au milieu du temps qui passe et les bains de mer. Très vite, le côté malin et brillant de celui qui nous a quittés fait retour.
L’auteur rappelle que l’Histoire fait de nous ses personnages et que lui-même en devient le narrateur ‚se déguisant en homme ou en femme, en Sumérien, Troyen, Juif errant, révolutionnaire, maîtresse d’un empereur, le tout avec ironie et drôlerie. D’Ormesson prouve qu’il reste le plus charmeur des (faux) dilettantes en maniant l’histoire avec maîtrise et dextérité et au sein du ministère d’un certain bonheur et de la tonicité du voyage à travers le et les temps.
Preuve que l’auteur fut bien meilleur essayiste de l’histoire et du présent que romancier au sens classique du terme. A son Pléiade sera préféré ce texte post-mortem mais vivifiant et séducteur.
jean-paul gavard-perret
Jean d’Ormesson, Et moi, je vis toujours, Gallimard, Paris, 2018, 255 p.
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