L’imperceptible mouvement qui déplace les lignes
A la fameuse injonction de la chanson de Bahung : « A quoi sert la queue si on n’a pas les boules ?», Renoma et Rajau donnent une belle réponse. Leurs photographies révèlent l’essence, la qualité la plus pure, la plus secrète d’un sport méconnu et qui sent parfois le souffre. Les films noirs américains ont souvent joué dessus. Mais les deux créateurs proposent une autre mythologie, superbe plastiquement.
Le monde physique d’un tel sport « de salon » devient une poétique de l’espace. Les postures des corps fabriquent une cérémonie secrète et un rituel visuel. Chaque geste est puissant, intime voire érotique. Le billard devient une table d’opération mystérieuse pour qui ignore ce qu’implique une telle pratique.
Les œuvres donnent l’impression physique de pénétrer dans le cerveau des joueurs et de leurs spectateurs. Surgit une pensée tactile. Elle se déploie à travers la maîtrise du corps et de la technique. La photographie ne deviendrait-elle pas alors et tout compte fait le lieu où nous sommes enfin capables de toucher de la pensée, même si toucher n’est pas saisir et encore moins maîtriser ?
jean-paul gavard-perret
Maurice Renoma & Benoît Rajau, Billard-Costard — photographies et perspective, Exposition à la boutique Renoma Paris, du 15 novembre 2017 au 23 janvier 2018.
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